Europol : Bitcoin ne finance pas les terroristes

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Les accusations selon lesquelles Bitcoin servirait au financement du terrorisme viennent d’être invalidées par un rapport d’Europol de janvier 2016.

Souvenons-nous : après les terribles attaques terroristes dont a été victime Paris en janvier et novembre 2015, de nombreuses voix se sont élevées contre Bitcoin, l’accusant de participer au financement du terrorisme, voire de représenter un risque majeur pour la sécurité publique.

A la même période, les ministres des Finances du G7 (Allemagne, France, États-Unis, Canada, Grande-Bretagne, Japon, et Italie), ainsi que les ministres de l’Intérieur et de la Justice de l’Union européenne se sont penchés sur les mesures à mettre en place afin de renforcer le contrôle du financement du terrorisme par le biais des « monnaies virtuelles », comme Bitcoin.

Les membres de la Communauté Bitcoin, quant à eux, s’insurgeaient contre ces allégations en demandant des exemples précis (qu’ils n’obtenaient pas) et en constatant que les billets et les pièces étaient bien plus anonymes que Bitcoin. Ils déploraient également que ces accusations méconnaissaient les particularités techniques de Bitcoin et de sa technologie, la blockchain, qui répertorie de manière publique toutes les transactions.

Dans son rapport en date du 18 janvier 2016, l’Office européen de Police apporte des réponses aux demandes des Etats membres de l’Union européenne sur le financement du terrorisme. Il constate ainsi que malgré l’affirmation de tiers suggérant que les monnaies anonymes comme Bitcoin sont utilisées par les terroristes pour le financement de leurs activités, cette affirmation n’a pas été démontrée par la police.

Ce rapport établi par les experts anti-terroristes des Etats membres de l’Union européenne et d’Europol précise également que les voyages des terroristes sont susceptibles d’être financés par les voyageurs eux-mêmes avec des moyens légaux et des activités criminelles, telles que les fraudes.

Le revirement de cet organisme, qui jusqu’à présent n’était pas particulièrement favorable au Bitcoin, est un pas important.

La question de l’implication de Bitcoin dans les activités terroristes est d’autant plus sensible que la Commission européenne se penche actuellement sur la nécessité ou non de réguler les monnaies virtuelles dans le cadre d’une réponse aux attaques terroristes de Paris. Parallèlement, le Parlement européen vient d’organiser une audition publique sur « les avantages et les inconvénients des monnaies virtuelles telles que le Bitcoin » afin de voir quelle réponse réglementaire donner à Bitcoin.

Bitcoin.fr, qui a relayé à de nombreuses reprises les réponses faites aux accusations portées contre Bitcoin, indiquait dans un billet, en date du 19 janvier 2015, que les terroristes n’utilisaient pas Bitcoin : « Parce que c’est bien trop risqué, parce que qu’avec Bitcoin tout est transparent et que de fins limiers mobilisés pour l’occasion pourraient bien remonter la piste de ces armes grâce au grand registre public des transactions et aux dernières techniques informatiques mises au point par les plus grands services de renseignement du monde et rodées dans les fructueuses chasses aux dealers effectuées les dernières années ».

C’est ainsi que l’analyse de la blockchain a permis l’arrestation aux Etats-Unis d’un agent de la DEA (Drug Enforcement Administration) et d’un agent des services secrets américains qui avaient détournés des bitcoins issus de site Silk Road fermé par le FBI.

Aujourd’hui, l’industrie bitcoin a beaucoup évolué et il existe de nombreuses possibilités d’avoir des informations sur les transactions en bitcoins inscrites sur la blockchain. Parmi les plus intéressantes, on peut notamment citer le moteur de recherche français Goochain, qui permet de retrouver des transactions non seulement avec leur adresse mais aussi en fonction de la date ou du montant des transactions, ou encore les explorateurs de blocks comme BlockTrail ou Blockchain.info.  Il est même possible de remonter au tout premier bock fait par Satoshi Nakamono (communément appelé le « block Genesis ») en rentrant le chiffre « 0 » dans l’onglet recherche !!!

 

Sources :
– europol.europa.eu : Changes in modus operandi of Islamic State terrorist attacks (PDF)
– cryptocoinsnews.com/europol-report
– bitcoin.fr/bitcoin-au-pilori/
– bitcoin.fr/brussels-bitcoin-meet-up/
– conseiller.ca/nouvelles/encadrer-les-monnaies-virtuelles-pour-lutter-contre-le-terrorisme
– bitcoin.fr/bitcoin-monnaie-du-terrorisme
– coindesk.com/consensus-2015-dojs-kathryn-haun-to-discuss-blockchain-analysis-and-silk-road-case/

A lire également sur le sujet :
– bitcoin.fr/terrorisme-blanchiment-trafic-le-bitcoin-se-defend/
– bitcoin.fr/du-cryptage-et-des-terroristes/
– bitcoin.fr/intelligence/


A propos de l’auteur :

Après avoir été collaboratrice de la Délégation des Barreaux de France à Bruxelles, Michelle Abraham a exercé près de quatorze ans dans des cabinets d’affaires parisiens. Elle travaille actuellement sur les bitcoins et le défi réglementaire que leur développement implique. Son regard en droit comparé apporte ainsi une réflexion sur les évolutions nécessaires des législations en vigueur.