Bitcoin et le marché des frais de transaction

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Traduction [1] d’un article de Stephen Pair, cofondateur et CEO de Bitpay, publié mardi sur medium.com :

« En raison de sa popularité croissante, la blockchain Bitcoin est de plus en plus encombrée avec conséquences lourdes sur les frais de transaction…

 

Offre réduite, demande croissante

La taille maximale de chaque bloc généré par les mineurs ne peut dépasser les 1Mo, ce qui limite Bitcoin à 300 000 transactions par jour environ. Nous nous heurtons à cette borne depuis trois ou quatre mois. En conséquence, un marché des frais est en train de se développer, et nous constatons une augmentation spectaculaire des “fees” consentis quotidiennement aux mineurs.

Voici un tableau des frais de transaction mensuels payé par BitPay au cours de la dernière année. Les données ne prennent pas en compte les frais payés par les clients qui règlent une facture BitPay ou les frais de transaction consentis par les utilisateurs de Copay ou de BitPay wallet. Il s’agit uniquement des frais supportés par BitPay pour transférer ses propres bitcoins. Ces frais ont été convertis en dollars US afin de tenir compte de la hausse du prix du bitcoin.

Dans l’espace de temps considéré, le coût global des frais de transaction a ainsi été multiplié par 35. En prenant en compte le triplement, pendant cette période, des transactions réalisées, on constate que les frais ont été multipliés par 12. Il ne s’agit donc pas d’une simple hausse, il s’agit d’une hausse exponentielle. On peut penser qu’un équilibre finira par être atteint : nous connaitrons alors la véritable valeur [le véritable coût] d’une transaction garantie par le plus puissant réseau informatique jamais déployé.

La valeur moyenne des transactions enregistrées par BitPay est également en progression. Au fil des ans beaucoup d’entreprises avec lesquelles nous travaillons ont commencé à effectuer des paiements “business to business” et un nombre croissant d’entre elles [utilisent nos services] pour de très gros paiements internationaux. Pour ces clients, des frais de minage de quelques dollars n’ont aucune importance. Les transactions “on chain” [2] à haute valeur ajoutée pourraient ainsi progressivement évincer les petits paiements qui devront trouver d’autres espaces.

 

Que va-t-il se passer à présent ?

Certaines personnes croient qu’un altcoin finira par émerger du lot et prendra le relais. Nous pensons que c’est peu probable. Ce qui se passe en réalité c’est qu’un marché [un équilibre] est en train de se former entre les paiements “on chain”, sécurisés par les mineurs et des paiements “off chain” [3] plus conventionnels [ou non]. Des paiements en dehors de la blockchain Bitcoin pourraient certes être effectués au travers “d’altcoins”, mais la sécurité réduite, la volatilité accrue et le manque de liquidité ne rendent pas toujours cette option très attrayante. Si certains projets (comme le Lightning Network) se matérialisent, les paiements “off chain” deviendront plus sûrs que les modes de paiements traditionnels. Les paiements “on chain” seront toujours l’option la plus sûre et la plus prisée mais des offres alternatives adaptées, permettront tout de même de diminuer la pression sur ce type de paiement. La compétition la plus importante n’est pas entre Bitcoin et un altcoin, mais entre les transactions “on chain” et “off chain”.

En 2011, je n’aurais jamais pu imaginer que nous serions toujours là avec des blocs limités à 1 Mo en 2017. À l’époque, la plupart des gens s’attendaient à ce que la limite soit augmentée plusieurs fois avant qu’enfin nous commencions à ressentir les limites d’échelle réelles imposées par la physique. Mais, d’une certaine façon, ça a du bon d’avoir à développer de réelles alternatives aux transactions “on chain” et de laisser se développer un marché entre les transactions pleinement “trustless” sur la blockchain Bitcoin et des transactions “off chain” reposant partiellement ou complètement sur un tiers.

A mesure que les transactions “off chain”, sous une forme ou une autre, se développeront, la croissance [des bénéfices] finira par ralentir pour les mineurs. Avec les investissements considérables en jeu [et la division régulière de la prime de minage], ils seront incités à augmenter le nombre de transactions pour rivaliser avec des solutions de paiement “off chain”. Nous estimons que Bitcoin devrait multiplier par 100 son débit simplement pour être viable en tant que réserve de valeur (or numérique). Les forces du marché finiront par pousser dans cette direction, en attendant nous avons besoin de solutions “off chain” fluides et interopérables pour faire baisser un peu la pression et se laisser le temps d’augmenter en toute sécurité la capacité du réseau.

 

Pour finir

Le marché et l’économie finiront par submerger les positions idéologiques sur lesquelles campent certains membres de la communauté. Contraindre les mineurs à augmenter la taille des blocs pourrait conduire à un « hard fork » chaotique. De la même façon, une révolte des utilisateurs pourrait provoquer un schisme avec des résultats tout aussi chaotiques. Les deux camps semblent croire que Bitcoin sera détruit si l’autre s’obstine dans sa direction. Nous sommes un peu moins fatalistes, nous croyons que plusieurs solutions de “scalabilité” finiront par se concrétiser et Bitcoin pourra continuer dans la voie du succès. 

En fait nous pensons que Bitcoin fonctionne parfaitement bien. »

Stephen Pair, cofondateur et CEO de Bitpay.

 

Source : medium.com


[1] Traduction non professionnelle que certains jugeront peut-être approximative et trop libre. En cas de doute se référer au texte original.

[2] Enregistrées sur la blockchain Bitcoin.

[3] Qui ne sont pas enregistrées sur la blockchain Bitcoin, soit parce qu’elles dépendent d’un système centralisé (ex : transaction de Coinbase vers Coinbase), d’une autre blockchain (altcoin), d’une sidechain (chaine latérale adossée à Bitcoin), ou d’un canal de paiement de type Lightning.