Satoshi Nakamoto

Satoshi Nakamoto (聡中本 où 中本 ) est le pseudonyme de la personne ou du groupe de personnes qui, de 2009 à 2010, ont conçu et créé Bitcoin, et le logiciel Bitcoin-Qt (aujourd’hui Bitcoin Core). C’est aussi le fondateur de bitcoin.org et du forum bitcointalk.

Son nom apparaît pour la première fois le 31 octobre 2008 sur le forum de la P2P Foundation

Il n’existe aucun trace de son identité avant la création de Bitcoin. Sur son profil Nakamoto a prétendu être un japonais né le le 5 avril 1975, mais cette information est douteuse si on considère la qualité de son anglais, très britannique, et l’absence de documents en japonais sur Bitcoin à cette époque.

« Il est plutôt aisé de comprendre que Satoshi n’était pas japonais : il écrivait dans un anglais quasi parfait et n’a jamais donné son nom en graphie japonaise. Plus précisément, Satoshi semblait parler un anglais du Royaume-Uni : il utilisait une orthographe britannique et non américaine (“favour” au lieu de “favor“, “grey” au lieu de “gray“, etc.) et employait l’expression “bloody hard” qu’on retrouve essentiellement en Grande-Bretagne. De plus, le journal dont il s’est servi pour prouver l’absence de postdatage du lancement de Bitcoin était The Times, un quotidien basé à Londres. Si on s’intéresse à ses heures de modification du code sur SourceForge et ses temps de publication sur le forum, on peut induire qu’il se trouvait dans un fuseau horaire correspondant aux États-Unis. En effet, ses heures d’inactivité totale se trouvent entre 9 heures et midi (UTC), ce qui indique qu’il se trouvait ou bien en Amérique (option la plus probable), ou bien en Europe (mais il se serait alors couché très tard). Pour se trouver en Asie, il lui aurait fallu un rythme de sommeil très étrange (ses heures d’inactivité totale se seraient trouvées entre 18 et 21 heures). Pour les deux versions du livre blanc de Bitcoin dont nous disposons (la brouillon du 3 octobre 2008 et la version du 24 mars 2009), les métadonnées contenues dans les fichiers indiquent qu’il ont été créés sur un ordinateur calibré sur le fuseau horaire des Rocheuses (UTC-7 en hiver et UTC-6 en été). Il est ainsi fort probable que Satoshi ait habité aux États-Unis durant la période où il développait Bitcoin. » – Ludovic Lars (Source).

Nakamoto a affirmé qu’il a travaillé sur Bitcoin depuis 2007. En 2008, il réserve le nom de domaine bitcoin.org puis publie un document sur une liste de diffusion décrivant son invention. En 2009, il sort la première version du logiciel Bitcoin-QT et crée les premières unités de la monnaie.

Satoshi publie son dernier message sur le forum bitcointalk qu’il a créé le 12 décembre 2010. Juste avant son départ, il met en place Gavin Andresen comme son successeur en lui donnant accès au projet SourceForge Bitcoin et une copie de la clé d’alerte qui permet prévenir le réseau d’événements importants par la diffusion d’un message à tous les clients Bitcoin.

En mai 2011 il communique pour la dernière fois avec d’autres contributeurs Bitcoin, notamment Martti Malmi, à qui il écrit : « Je suis passé à autre chose et je ne serai probablement plus là à l’avenir. »

Pendant une longue période, Satoshi Nakamoto fut le seul mineur en activité. D’après une analyse de Sergio Lerner, sa fortune serait proche du million de bitcoins.


Qui se cache derrière le pseudonyme de Satoshi Nakamoto ? 

Plusieurs hypothèses circulent. Tout d’abord justement le virtuose finlandais de l’informatique : Martti Malmi. C’est lui qui aurait réalisé la toute première transaction. Son nom a disparu du site de Bitcoin le jour où Satoshi Nakamoto a cessé de répondre aux internautes.

Pour le magazine américain du « New Yorker », le créateur de Bitcoin serait en fait Michael Clear, un irlandais spécialiste des codes informatiques. Autre grand favori  : un groupe de chercheurs, composé de Neal King, Vladimir Oksman et Charles Bry.

D’autres parlent de Nick Szabo, informaticien et que certains journalistes présentent comme un ancien professeur de l’école de droit de l’Université George Washington (ce qu’il dément).

Au début des années 1990, Nick Szabo était membre d’une mouvance d’activistes sur le web. Les Cypherpunks se présentaient comme un groupe proche des libertariens et parmi leurs missions, ils souhaitaient créer et mettre en place une devise virtuelle et anonyme. Entre 1998 et 2005 Szabo et quelques autres ont développé une monnaie numérique décentralisée qu’il a appelé Bit Gold, sorte de précurseur direct de Bitcoin. Le système était cependant trop vulnérable aux attaques. Nick Szabo s’en défend, arguant que le père de Bitcoin pourrait tout aussi bien être Wei Dai ou Hal Finney qui eux aussi ont découvert et apprécié avant tout le monde les idées de Nakamoto.

Trois autres professionnels sont jugés des candidats sérieux, mais moins plausibles que les précédents : Jed McCaleb, (qui a créé la plateforme d’échange MtGox), Shinichi Mochizuki (un mathématicien de génie japonais spécialisé dans la théorie des nombres) et Vili Lehonvirta (un économiste finlandais, ancien programmeur de jeux vidéo).

C’est plus farfelu et moins probable mais pour certains le créateur de bitcoin pourrait également être le fait d’un consortium de quatre groupes technologiques regroupant SAmsung TOSHIba, NAKAmichi et MOTOrola  : mis bout-à-bout les premières initiales forment le nom SATOSHI NAKAMOTO.

Autre délire improbable relayé dans la presse : Bitcoin serait une opération noire de la NSA qui l’utiliserait pour sous-traiter des attaques en force brute sur des transmissions chiffrées afin de réduire le coût interne tout en créant un système de récompense pour les mineurs de bitcoins. Selon cette hypothèse, derrière Satoshi Nakamoto il y aurait une cinquantaine de personnes comme le prouverait le manque évident « d’intégration et de cohérence dans la conception et l’implémentation de son protocole ».

Fin 2013, les chercheurs Israéliens Dorit Ron et Abi Shamir avaient affirmé avoir fait un lien entre Satoshi Nakamoto et Ross William Ulbricht le propriétaire du site de ventes de marchandises illicites Silk Road. Leur analyse a été immédiatement discréditée par la publication d’un membre de Reddit qui donnait l’origine du compte incriminé et révélait les erreurs des chercheurs. Depuis l’étude a été retirée.

Le 6 mars 2014, la journaliste Leah McGrath Goodman de Newsweek affirme l’avoir retrouvé. Il s’agirait d’un californien de 64 ans passionné par les mathématiques, la cryptographie et les trains miniatures. En tant que cryptographe, il aurait travaillé sur des projets confidentiels pour le compte de l’armée et de grandes entreprises. Selon la journaliste, il mènerait une vie modeste à Temple City. D’origine japonaise, Satoshi Nakamoto serait son véritable nom. Le lendemain de cette révélation un message laconique a été posté depuis le compte original du créateur de Bitcoin, inactif depuis plus de 4 ans : «  I’m not Dorian Nakamoto [Je ne suis pas Dorian Nakamoto] ».

Le 16 avril 2014, une équipe de quarante étudiants, dirigée par le professeur Dr Jack Grieve, a comparé fameux « white paper » de Nakamoto aux publications de treize « suspects » : Dorian Nakamoto, Vili Lehdonvirta, Michael Clea, Shinichi Mochizuki, Gavin Andresen, Nick Szabo, Jed McCaleb, Dustin D Trammel, Hal Finney, Wei Dai, Neal King, Vladimir Oksman et Charles Bry. Conclusion de ces travaux : Nick Szabo serait l’auteur principal de ce document et, par conséquent, le créateur probable de bitcoin.

Le 9 septembre 2014, un pirate parvient à s’emparer d’un compte de messagerie appartenant à Satoshi Nakamoto (satoshin@gmx.com), sans qu’aucune information permettant d’identifier le créateur de Bitcoin ne soit révélée.

Le 15 mai 2015 Nathaniel Popper, journaliste au New-York Time, publie les résultats d’une enquête qui aboutit à la même conclusion que les travaux des linguistes dirigés par le professeur Dr Jack Grieve : Nick Szabo est le candidat le plus crédible. Au cours de ses investigations il rencontre le principal intéressé qui dément une fois de plus : « Comme je l’ai dit de nombreuses fois auparavant, toutes ces spéculations sont flatteuses, mais c’est faux – je ne suis pas Satoshi. »

Le 8 décembre 2015, deux journalistes du magazine américain Wired, publient une série d’indices crédibles qui désignent l’australien Craig Steven Wright. Quelques jours plus tard, devant des incohérences qui s’accumulent, le journal pense qu’il s’agit vraisemblablement d’un canular. En effet, les clés PGP qui auraient appartenu à l’inventeur de Bitcoin et qui ont été découvertes dans les documents confidentiels envoyés aux journalistes étaient probablement antidatées, tout comme certaines notes de son blog. Par ailleurs on ne trouve aucune des doctorats revendiqués par M. Wright.

Le 2 mai 2016 : Coup de théâtre avec la déclaration fracassante de Gavin Andresen : « Je suis allé à Londres pour rencontrer le Dr Wright il y a quelques semaines, suite à une conversation par email qui m’avait convaincu qu’il y avait de très fortes chances que [Craig Steven Wright] soit la même personne avec laquelle j’avais communiqué de 2010 à début 2011. Après avoir passé du temps avec lui, je suis convaincu à présent hors de tout doute raisonnable : Craig Wright est Satoshi Nakamoto. Une partie de cet entretien a été consacré à une vérification cryptographique minutieuse des messages signés avec des clés que seul Satoshi devrait posséder. Mais avant même que j’ai vu les clés signées et vérifiées sur un ordinateur qui ne pouvait pas avoir été altéré, j’étais certain que j’étais assis à côté du Père de Bitcoin. Lors de notre rencontre, je l’ai vu aussi brillant, opiniâtre, concentré, généreux [que] le Satoshi avec lequel je travaillais il y a six ans. Il a éclairci beaucoup de mystères, y compris la raison pour laquelle il a disparu et ce à quoi il a été occupé depuis 2011. Mais je vais respecter la vie privée de M. Wright et le laisser décider de partager ce qu’il voudra de cette histoire avec le monde. Nous aimons créer des héros – mais il semble que nous aimons aussi les haïr s’ils ne vivent pas dans un idéal inaccessible. Ce serait sans doute mieux si « Satoshi Nakamoto » était le nom de code d’un projet de la NSA, ou d’une intelligence artificielle envoyé du futur pour faire évoluer notre argent primitif. Ce n’est pas le cas, c’est un être humain imparfait étant en tout semblable à nous autres. J’espère qu’il parviendra à gérer la tempête que son annonce va provoquer, et qu’il continuera à faire ce qu’il aime : apprendre, rechercher et innover. Je suis très heureux d’être en mesure de dire que je lui ai serré la main et je l’ai remercié pour avoir donner Bitcoin au monde. »

Dans la même journée Craig Wright fournit des documents pour prouver ses affirmations. Les experts montrent très rapidement qu’il s’agit d’une escroquerie. Wright promet alors de nouvelles preuves, avant de renoncer définitivement quelques jours plus tard. Quant à Gavin Andersen il exprimera quelques mois plus tard ses doutes et ses regrets pour le rôle qu’il a joué dans la diffusion de cette information douteuse.

14 avril 2017 : Jean-Jacques Quisquater, l’un des chercheurs cités dans le livre blanc de Satoshi Nakamoto expose une nouvelle hypothèse : « Vraisemblablement Satoshi Nakamoto ce n’est pas une personne mais c’est six personnes. Vraisemblablement aussi il y en a un ou deux qui sont des cryptographes, les autres ont utilisé le système. Il y en a un qui a payé pour tous les autres et ils ont introduit ça dans un mode très méfiant. Ça veut donc dire concrètement que les six se sont méfiés les uns des autres et qu’il faut réunir les six pour faire bouger les bitcoins qui leur appartient […]. Aujourd’hui un bitcoin c’est plus de mille euros, ils doivent en avoir à peu près un million donc ils sont milliardaires en euros vraisemblablement, et vraisemblablement ils n’en profiteront pas. Pourquoi ? Parce qu’il y en a un qui est mort, celui-là on sait qui c’est, il ne parlera plus, son morceau de clé est perdu et donc vraisemblablement tout est bloqué. Le 5ème prétend cependant avoir la clé de celui qui est mort, fait chanter les autres et demande : “donnez-moi nonante pour cent puisque vous avez besoin de moi”. L’histoire en est là.

26 août 2017 : Selon l’entrepreneur américain Alexander Muse, qui affirme détenir ses informations d’une source travaillant au département de la Sécurité intérieure des États-Unis, la NSA serait parvenue à percer le secret de l’identité du mystérieux Satoshi Nakamoto, créateur de Bitcoin. L’agence américaine aurait pour cela comparé l’ensemble de textes connus de Nakamoto avec les gigantesques bases de données générées par les outils de surveillance de masse Prism et MuscularAlexander Muse n’est cependant pas en mesure de révéler les résultats des recherches de la NSA : « Beaucoup de lecteurs me demandent qui est Satoshi mais ma source n’a pas partagé cette information avec moi. Sur la base de la conversation, j’ai eu l’impression (jamais vraiment confirmée) que c’était peut-être plus qu’une personne. » [Source]

27 novembre 2017 : Sahil Gupta, étudiant en informatique à l’Université de Yale, affirme que Satoshi Nakamoto pourrait être Elon Musk, Le patron de Tesla. Une piste évidemment hautement improbable. [Source].

Le candidat le plus sérieux

Le 21 février 2021 : Sous le pseudonyme de Leung ou evanhatch, un anonyme publie un article détaillant un nombre important de similitudes entre Satoshi Nakamoto et Len Sassaman. Chercheur en sécurité informatique et cryptographe talentueux, Len Sassaman a fait ses études à l’Université de Louvain en Belgique (comme Jean-Jacques Quisquater, cité dans le Livre Blanc). Il a travaillé sous la supervision des cryptographes Bart Preneel et David Chaum. Sassaman était également un membre actif de la communauté cypherpunk et un proche collaborateur de Hal Finney. Il a apporté sa contribution au développement du logiciel PGP et a été à l’origine du protocole de signature électronique Zimmermann-Sassaman. Souffrant d’une dépression chronique et de trouble neurologique fonctionnel, Len Sassaman se suicide en juillet 2011 à 31 ans, quelques mois seulement après le message d’adieu de Satoshi Nakamoto sur le forum Bitcointalk. Il repose aujourd’hui au cimetière de Heverlee en Belgique.