Après plusieurs jours de tractation et d’âpres discussions, le groupe de travail présidée par José Manuel Barroso vient de rendre sa copie et annonce officiellement la naissance de l‘Eurocoin qui, à terme, remplacera l’Euro dans les dix-huit pays de l’Union économique et monétaire (zone euro).
Le rapport de 25 pages publié aujourd’hui dans la presse précise le calendrier et les modalités de mise en oeuvre de ce nouveau système monétaire. Ainsi la quantité totale a été fixée à 21 milliards dont la moitié sera pré-minée pour effacer progressivement les dettes souveraines des états membres et fournir à la Banque Centrale Européenne un capital avec lequel elle sera en mesure de contrer les achats spéculatifs et d’éviter une trop grande volatilité de la crypto-monnaie lors de la phase de transition. Pour la même raison la BCE sera également, pendant les quatre ans de cette période, autorisée à produire des euros.
L’effacement des dettes des états membres sera conditionné à l’adoption par chacun d’entre eux de nouvelles règles comptables. Quelques principes de base ont ainsi été édictés : les budgets des états devront toujours être à l’équilibre et il ne sera plus possible d’utiliser ni l’endettement, ni le chômage comme variable d’ajustement. Un système de taxe flottante intégré au cœur du système, une solidarité renforcée entre les Etats et une validation au Parlement Européen des projets budgétaires garantira l’équilibre des comptes.
L’algorithme choisi est bien SHA-256 et non pas Script comme annoncé initialement mais l’Eurocoin n’est pas pour autant un pur clone de Bitcoin. La principale divergence étant la gestion de frais de transaction, qui ne se contentent pas de subventionner les mineurs, mais qui sont à la base d’un nouveau système fiscal européen. Ainsi une clé d’alerte à entrées multiples permettra aux représentants des états membres (sous la réserve d’une majorité de 60%) d’ajuster le montant des frais en fonction des besoins de l’Union. Cette incertitude liée à la taxation pourrait constituer un handicap concurrentiel face à d’autres crypto-monnaies, mais elle sera toutefois largement compensée par l’obligation faite pour l’ensemble des administrations, des commerces et des entreprises de la zone Euro d’accepter l’Eurocoin au plus tard avant avril 2016. L’Euro papier étant appelé à disparaitre au plus tard en avril 2018.
Gustav Schröder, porte-parole du PPE (Parti populaire européen) au Parlement de Strasbourg, salue la décision historique des 28 commissaires :
« La monnaie papier, totalement anonyme, intaxable et intraçable était un véritable appel à la fraude, au marché noir et au travail non déclaré. L’Europe doit être à la pointe de la modernité et, dans cette nouvelle ère technologique, seul un système financier basé sur un registre public et un protocole transparent peut garantir, à l’échelle d’un continent, le fonctionnement démocratique et l’efficacité de nos institutions. »
Le calendrier de mise en oeuvre échelonne la transition sur quatre ans :
– fin 2014 : création d’un centre technique sous l’égide de la BCE et minage des dix premiers milliards d’eurocoins.
– 2015 : publication du protocole, du logiciel client et de son code source. Ouverture du minage au grand public. Ouverture des activités de bourse aux entreprises privées.
– 2015 / 2016 : Parité avec l’euro garantie sur les réserves en euros et en eurocoin de la BCE puis découplage progressif jusqu’en 2018.
– 2016 : Obligation pour toutes les administrations, les entreprises et les commerces de l’Union économique et monétaire d’accepter l’eurocoin.
– 2018 : Fin officielle de la validité des euros classiques. Seules les banques centrales pourront encore échanger les euros papier contre des Eurocoins suivant le prix du marché, et cela jusqu’à 2020.
– Disparition progressive de la prime de minage jusqu’à extinction complète en 2030. A cette date les 21 milliards d’eurocoins seront sur le marché et il n’y en aura jamais un de plus.
Source : Communiqué de presse de la présidence de la commission européenne (PDF)