Ouverture du procès de Mark Karpelès

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Le procès de Mark Karpelès s’est ouvert mardi 11 juillet à Tokyo. L’ex-CEO de MtGox comparaît pour détournement de fonds et manipulation de données. Les autorités nippones le soupçonnent d’avoir détourné au moins 340 millions de yen – soit environ 2,6 millions d’euros – afin de financer le rachat d’une entreprise d’impression 3D. Lors de cette première audience l’accusé a plaidé non coupable sur tous les chefs d’accusation, soutenant que l’argent provenait des fonds propres de la société.

Il a néanmoins avoué que c’était bien lui qui avait lancé le fameux trading-bot Willy [1] qui avait manipulé le cours du bitcoin de mars à novembre 2013, « pour le bien de la société ».

Mark Karpelès avait été mis en examen mi-septembre 2015, un an et demi après la faillite retentissante de la plateforme d’échange MtGox. Emprisonné après six semaines de garde-à-vue, il avait été libéré sous caution en juillet 2016.

Le procès qui s’est ouvert cette semaine ne porte pas directement sur les 650 000 bitcoins disparus en 2014 [2] et les victimes, ex-clients de la plateforme, ont peu d’espoir d’obtenir une explication : l’enquête pour retrouver les fonds n’a mené à rien et Mark Karpelès soutient toujours qu’il a été victime d’un piratage : « Je jure que je ne suis pas coupable. Je suis sincèrement désolé pour le tort causé par la faillite de Mtgox à ses nombreux clients. »

Peu probable cependant qu’il convainque les tribunaux japonais qui afficheraient un chiffre record de 99% de condamnations.

L’audience de jeudi n’a duré que 5 minutes. Le procès reprendra en octobre.

 

Sources : thedailybeast.com – lemonde.fr – La saga Mtgox sur bitcoin.fr – Kolin Burges sur Twitter


[1] « Le Willy Report , et les travaux du spécialiste en sécurité WizSec, avaient mis en lumière l’activité étrange de deux traders très actifs sur MtGox, deux personnages baptisés par les opérateurs Willy et Markus. Une récente étude suggère qu’ils ont été au centre d’une affaire de manipulation de cours sans précédent dans la sphère des nouvelles monnaies. Ces deux traders ont acquis 600.000 bitcoins, entre février et novembre 2013, proche des 650.000 bitcoins que la plateforme estime s’être fait dérober. Ils ont contribué à l’envolée du cours du bitcoin qui est passé de 150 à plus de 1.000 dollars fin 2013. Selon les travaux, Markus est intervenu entre le 14 février 2013 et le 27 septembre. Il a acheté près de 336.000 bitcoins pour 76 millions de dollars en 33 séances. Eléments suspicieux, ce trader “ne payait aucune commission de transactions, et certaines de ses opérations semblent avoir été dédoublées. Il n’a jamais déboursé le moindre dollar pour acheter ses bitcoins et ceux qui lui ont vendu leurs bitcoins n’ont jamais reçu l’argent”, soulignent les chercheurs. Le deuxième opérateur fantôme, baptisé Willy, était un automate de trading automatique. A la différence de Markus, il a utilisé plusieurs comptes, 49 au total, qui ont acheté chacun pour 2,5 millions de dollars de bitcoins, qui n’ont jamais été cédés. Curieusement, ces achats ont débuté le jour même où Markus a stoppé ses opérations, le 27 septembre 2013. Willy a acquis 268.000 bitcoins pour 112 millions de dollars, sans se soucier du prix ! Il achetait chaque fois au cours du marché (pas d’ordres limites), de telle sorte que le cours du bitcoin progressait de près de 20 dollars les jours où il était présent. Quand ils sont intervenus sur le marché, ces deux entité ont représenté chacun près de 20 % du volume quotidien de MtGox, et 6 à 12 % des volumes de toutes les Bourses du bitcoin. Une force de frappe qui leur permettait de manipuler le cours de bitcoin. Lors de leurs interventions, le bitcoin progressait dans 80 % des cas, contre 55 % des cas lors des séances ordinaire, sans manipulations. C’est surtout l’activité de Willy qui a contribué à la nouvelle bulle du bitcoin. Est-ce que Markus et Willy sont une seule et même personne, à savoir Mark Karpelès ? MtGox a en tout cas reconnu qu’elle est intervenue parfois sur le marché pour son propre compte et par le biais d’un “obligation exchange”, à savoir l’automate Willy, mais sans donner de montants pour ses interventions. Celles-ci étaient destinées à acheter des bitcoins sur le marché afin de combler le “trou”, les bitcoins dérobés en théorie par des hackers, et éviter la fermeture de MtGox. Celle-ci aurait voulu transformer son déficit structurel de bitcoins en un déficit de cash. En achetant des bitcoins à ses clients, par le biais de Willy, et à un cours toujours plus haut, la Bourse a permis aux particuliers de faire des bénéfices élevés “sur le papier”, et de conserver leur confiance dans la Bourse. Tant qu’ils conservaient leurs liquidités chez MtGox, celle-ci pouvait jouer le rôle d’une banque du bitcoin, les dépôts des clients servant à alimenter les opérations d’autres clients, voire celles de MtGox. Seulement, quand le bitcoin a commencé à plonger fin 2013 et début 2014, du fait notamment du retrait de Willy du marché, les particuliers ont voulu retirer leur argent. Trop tard. » [Source : lesechos.fr]

[2] dont une partie n’aurait sans doute jamais existé puisque, selon la défense, la plateforme aurait été victime d’un piratage dès 2011.