Mark Karpelès se confie

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Mark Karpelès, le PDG de MtGox, vient d’accorder une interview exclusive au Wall Street Journal. Il revient sur la disparition des 650 000 bitcoins de ses clients en apportant de nouveaux éléments au dossier. Il donne enfin son sentiment sur l’avenir de son entreprise, raconte son quotidien à Tokyo avec son chat Tibanne et évoque ses projets.

« Effrayé, frustré et en colère », voilà ce que le français Mark Karpelès déclare avoir ressenti quand il a réalisé en février dernier que sa plateforme de change avait perdu près d’un demi-milliard de dollars en bitcoins. Il raconte ses nuits blanches, son anxiété permanente, sa frustration…

« En tant que chef d’entreprise, ma mission était de protéger les clients et les employés […] Je suis profondément désolé. »

Il envisage désormais de vendre aux enchères des noms de domaine pour maintenir sa seconde entreprise à flot et de rembourser ses créanciers. Parmi eux : bitcoins.com et akb.com, un groupe populaire de pop japonaise. Il n’a pas dit si le domaine mtgox.com serait à vendre.

M. Karpelès est toujours à la tête de MtGox, mais la gestion des fonds a été confiée à un administrateur nommé par le tribunal de Tokyo. Il tente de garder en vie son entreprise de services Web, Tibanne, l’opérateur de MtGox, pour lequel il recherche un nouveau responsable. Il envisage d’y travailler en tant qu’ingénieur uniquement pour se concentrer sur le développement de nouveaux services. Cette décision découle de sa mésaventure sur MtGox : l’absence de cadres expérimentés pour l’aider à faire face aux affaires courantes était, selon Karpelès, une erreur critique. Au lieu de se focaliser sur la technologie, il a passé des heures dans des réunions en compagnie d’avocats et de banquiers.

« Le point faible de mon entreprise c’était la gestion. Je n’ai pas réussi à construire les structures organisationnelles appropriées. »

Karpelès dit qu’il souhaite une reprise de la plateforme – il y aurait d’ailleurs plusieurs candidats en lice – mais il n’est pas satisfait de la proposition de Sunlot Holdings menée par Brock Pierce qui a proposé d’utiliser les fonds restants pour réhabiliter la plateforme. 

« L’argent des clients reste ne devrait pas être touché »

On en sait un peu plus également sur la situation critique de l’entreprise avant sa chute. Il y aurait eu des effractions physiques dans les bureaux de la société et au moins un ancien employé a dérobé des données électroniques.

« Si vous voulez créer une plateforme d’échange de bitcoins, assurez-vous d’avoir un service de sécurité 24 heures sur 24 ! »

Trois mois après avoir acheté MtGox à Jed McCaleb, le nombre des comptes de la plateforme avaient été multipliés par vingt. Dépassé par la croissance rapide de l’échange, Karpelès a essayé d’embaucher des gestionnaires expérimentés, mais les profits dans les premiers jours étaient insuffisants.

Depuis l’effondrement, Karpelès est revenu aux habitudes de ses premiers jours à Tokyo : se nourrir de nouilles instantanées, travailler tard le soir, trouver des clients pour un nouveau service de Tibanne… Il n’a cependant pas tout à fait tourné la page Bitcoin et il serait heureux de pouvoir participer aux réunions de la communauté de Tokyo afin d’y partager son vécu.

« Mon expérience serait utile pour eux, surtout s’ils envisagent de démarrer une entreprise en relation avec Bitcoin. Je peux leur dire ce qu’ils doivent faire et ce qu’ils doivent éviter. »

Source : online.wsj.com

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