Interview de Francis Pouliot, candidat au CA de la Bitcoin Foundation

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Francis Pouliot, directeur des Affaires Publiques de lAmbassade Bitcoin et directeur de la Fondation Bitcoin Canada présente officiellement sa candidature au conseil d’administration de la Bitcoin Foundation.

Bitcoin.fr : Comment conçois-tu le rôle de la Bitcoin Foundation ?

Francis Pouliot : À la base, la Fondation Bitcoin est une plateforme à travers laquelle des individus et entreprises faisant partie de l’écosystème Bitcoin peuvent volontairement coordonner leurs intérêts et implémenter ensemble des projets qui leur permettent de les atteindre. Je suis de l’avis que le seul intérêt commun des membres de la communauté Bitcoin, et l’intérêt principal des membres payants de la Fondation Bitcoin, est la vitalité du processus du développement technique de Bitcoin. Ainsi, le rôle de la Fondation devrait être de financer le développement technique, de s’assurer que les changements au protocole ou au logiciel de référence sont bien coordonnés avec les utilisateurs et les entreprises, que les implications sont bien vulgarisées pour le public et que des ressources éducatives et des formations soient mises à la disposition du plus grand nombre de développeurs possibles afin d’augmenter le nombre d’experts techniques travaillant sur la technologie Bitcoin. Ceci permettra d’assurer la « scalabilité » et la décentralisation du réseau Bitcoin.

Bitcoin.fr : Si tu es élu, quelle inflexion souhaites-tu donner à cette organisation ?

Francis Pouliot : Sans aucun doute, la Fondation va se doter d’un mandat plus étroit et précis centré sur le développement technique. Elle va donc devoir abandonner certains autres mandats comme l’activisme politique (le lobbying) et la production de matériel éducatif. Ces autres mandats sont d’ailleurs déjà remplis par plusieurs organisations régionales comme par exemple Bitcoin France ou la Fondation Bitcoin Canada.

Bitcoin.fr : Es-tu partisan, à l’instar de Gavin Andresen, d’une modification du protocole et vue d’augmenter la taille maximale des blocs ?

Francis Pouliot : Oui, je crois que c’est une bonne solution à moyen terme afin d’assurer la croissance du réseau, surtout si le nombre de transactions venait à augmenter rapidement suite, par exemple, à une crise économique soudaine. C’est également une bonne solution pour garder les frais de transactions bas et conserver l’accessibilité de Bitcoin auprès des moins nantis. Je crois que le débat à savoir si Bitcoin jouera le rôle de réserve de valeur versus un système de paiement est prématuré et nous devrions faire en sorte qu’il puisse jouer les deux rôles le plus longtemps possible. En ce moment les frais de transactions sont minimes comparativement à la récompense que s’octroient les mineurs donc je ne crois pas qu’augmenter la taille des blocs, ce qui nécessairement ralentit la croissance naturelle des frais de transactions, pause problème. Je ne suis pas un expert sur les aspects techniques et je fais confiance au jugement de Gavin à ce sujet. Il semble être devenu convaincu qu’un tel changement soit souhaitable et techniquement faisable (voir : gavintech.blogspot.ca).

Bitcoin.fr : Si j’ai bien compris tu souhaites que la Fondation renonce au lobbying politique ? Qui se chargera, dès lors, de défendre Bitcoin auprès des décideurs ? Peux-tu expliquer cette position ?

Francis Pouliot : Il existe un grand nombre d’organisations qui s’occupent de ce rôle. Aux États-Unis, je connais la « Digital Chamber of Commerce » et « Coin Center », deux organismes bien financés dédiés exclusivement au lobbying pro-Bitcoin. Au Canada, il y a la « Fondation Bitcoin Canada » et « l’Alliance Bitcoin Canada ». Il y a des groupes similaires partout à travers la planète, dont « Bitcoin France ». La Fondation est un organisme international alors que la réglementation se fait de manière régionale ou locale. 

Au départ, la Fondation était l’un des seuls organismes à travers la planète qui soit dédié à Bitcoin et il était normal qu’elle aspire à jouer ce rôle. Je crois qu’aujourd’hui il y a plusieurs autres groupes qui ont la capacité de prendre la relève. Cependant, il n’existe aucun organisme à but non-lucratif qui soit en capacité de protéger et financer le développement technique, donc il y a toujours une carence bien réelle dans ce domaine.

La Fondation a un nombre limité de ressources et il faut que celles-ci soient allouées efficacement. Pour être clair, je suis crois qu’il est crucial de défendre Bitcoin auprès des décideurs mais je crois simplement que ce n’est pas le champ d’expertise que la Fondation devrait poursuivre et qu’elle devrait laisser ce rôle à des organismes locaux qui se spécialisent dans ce domaine.

Bitcoin.fr : Si j’ai bien compris également, tu considères que la promotion de Bitcoin auprès du grand public, n’est pas une mission de la Fondation. C’est bien cela ?

Francis Pouliot : Pas complètement. Je crois qu’après le développement technique, c’est effectivement une activité que la Fondation pourrait légitimement poursuivre mais jusqu’à présent elle n’a pas été très efficace dans ce domaine. Ma propre expérience en tant qu’éducateur public et promoteur de Bitcoin me dit que cet exercice est mieux conduit au niveau local qu’au niveau international. Il est certainement mieux rempli de manière « grassroots » par des individus ou petits groupes que par un organisme relativement bureaucratisé. Je crois que la Fondation peut tout de même aider les groupes locaux à faire la promotion, par exemple en mettant à leur disponibilité des ressources non-financières comme son capital intellectuel, son réseau de contacts ou ses employés. Si les ressources financières le permettent, c’est un objectif qu’elle pourra se redonner dans le futur et je serai le premier à y participer activement de manière bénévole.

Bitcoin.fr : Pourquoi souhaites-tu cesser l’expansion du programme d’affiliation d’associations locales à la Fondation ?

Francis Pouliot : En tant que président d’une association locale, j’ai été amèrement déçu par ce programme. Les chapitres locaux n’obtiennent pas grand-chose par ce programme, qui n’a pas vraiment fait augmenter le nombre de membres. La structure d’incitatifs a été mal pensée. Je n’ai pas accès aux chiffres exacts mais je suis presque certain que ce fut une perte financière pour la Fondation. Le programme a été conçu sur un modèle de franchises alors que les groupes locaux souhaitent plutôt avoir accès à certaines ressources tout en maintenant leur autonomie. Je crois que la Fondation devrait activement conserver et encourager des partenariats avec des groupes locaux mais sur un modèle plus collaboratif au lieu de vouloir implanter des franchises là où le besoin n’est pas réellement là.

Bitcoin.fr : Quels sont les principaux chantiers que la Fondation devra mettre en oeuvre pour l’avenir ?

Francis Pouliot : Le plus important selon moi serait un programme de formation pour développeurs visant à travailler sur l’infrastructure technique.

Bitcoin.fr : Que penses-tu de la candidature et des positions d’un personnage comme Cody Wilson ?

Francis Pouliot : Honnêtement je suis très déçu par Cody Wilson, personnage pour lequel j’ai déjà éprouvé une grande sympathie, à un point tel que je suis convaincu que sa candidature est une tentative d’obtenir de l’attention. Je partage, peut-être de manière moins radicale, son idéologie politique de libertarianisme ou, dans un certain degré, d’anarcho-capitalisme. Non seulement l’existence d’associations privées de membres comme la Fondation n’est pas contradictoire avec cette idéologie mais encore, ces organisations sont absolument nécessaires pour qu’une société sans État puisse fonctionner sans tomber dans un chaos improductif. La Fondation Bitcoin, bien entendu, ne devrait jamais utiliser le pouvoir coercitif de l’État afin d’imposer sa vision sur ses membres ou les non-membres et ce n’est absolument pas quelque chose qu’elle aspire à faire. S’il n’est pas d’accord avec l’orientation prise par la Fondation, qu’il crée une organisation concurrente au lieu de vouloir faire du sabotage.

Bitcoin.fr : Comment vois-tu l’avenir de Bitcoin ?

Francis Pouliot : Je crois que l’avenir de Bitcoin c’est de l’expansion continuelle qui ira bien au-delà du monde de la finance et des paiements. Bitcoin, c’est une révolution sociale, économique, politique, technique et culturelle. L’utilisation massive de Bitcoin – et je ne veux pas avoir l’air Kitch (ou quétaine comme on dit en Québécois) – fera de notre planète un monde meilleur. Le cours du Bitcoin sur le marché ça ne m’importe que très peu – ce qui m’importe c’est le développement de l’infrastructure technique et, de ce côté, nous assistons à un progrès continuel et une vague d’innovation sans précédent. Je n’ai aucune raison de croire que ceci va ralentir et, au contraire, je m’attends à une croissance continue – voire exponentielle – des innovations reliées à la technologie Blockchain.

Bitcoin.fr : Pourquoi es-tu un bon candidat ?

Francis Pouliot :
– J’ai de l’expérience dans la gestion d’organismes à but non-lucratif impliqués dans l’écosystème Bitcoin.
– J’ai fait mes preuves en tant que militant pour Bitcoin, à la fois au niveau politique qu’en tant qu’éducateur public.
– J’ai le temps de remplir mon mandat et j’ai le soutien complet de mon employeur l’Ambassade Bitcoin.
– Je suis jeune, énergique et passionné.
– Je connais le fonctionnement interne de la Fondation et j’ai une vision claire pour son avenir.
– Je n’ai aucun investissement dans une entreprise Bitcoin et donc aucun conflit d’intérêt et tant que représentant des membres individuels.
– Bitcoin représente environ 85% de mes actifs financiers – le succès de Bitcoin est dans mon intérêt personnel.
– Je suis capable de représenter de manière professionnelle les membres de la Fondation devant les médias.
– Je crois sincèrement à la mission de la Fondation Bitcoin et j’ai à cœur son succès.
– Je n’ai jamais été impliqué dans un scandale ou une controverse.


 

Les élections pour les sièges des sortants, le directeur exécutif Jon Matonis et le directeur scientifique Gavin Andresen se dérouleront du 13 au 19 février.

Voilà Francis Pouliot en novembre 2014, devant l’association des Économistes Québécois :

En savoir plus sur les modalités de cette élection : bitcoinfoundation.org