Ethereum à l’heure du choix

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« Pourquoi une mauvaise réponse à l’attaque de la DAO pourrait tuer Ethereum » [1]

Traduction d’un article de Edan Yago, membre de la Digital Asset Transfer Authority et CEO d’Epiphyte, société qui fournit aux institutions financières des solutions de transaction sur blockchains publiques.

« 8 Juillet 2011 : la bulle Bitcoin éclate pour la première fois et la valeur chute de 94%, passant de 31 à 2 dollars.

Comme vous avez pu le remarquer, Bitcoin a très bien récupéré depuis…

Ethereum est aujourd’hui dans la tourmente. La DAO a été piratée, détruite, et une grande partie des fonds ont été dérobés. Comme Bitcoin est parvenu à le faire en d’autres temps, Ethereum peut récupérer – mais une décision prise dans la panique pourrait le tuer pour toujours. Malheureusement, on semble se diriger vers cette réponse irrationnelle.

Ethereum a de la valeur pour une seule et simple raison : c’est un protocole Turing-complet de “smart contracts”. En d’autres termes la valeur de l’éther est le résultat direct d’une innovation et de la position d’Ethereum comme protocole de prédilection pour ces contrats “intelligents”.

Le 17 Juin, “The DAO”, un “smart contract” fonctionnant sur Ethereum, a été piraté. Nous sommes à présent face à deux choix : en tirer une leçon et construire de meilleurs contrats à l’avenir, ou revenir en arrière et baisser définitivement le rideau sur Ethereum.

Quelque chose de plus grand que “The DAO”, ou même Ethereum est en jeu ici : l’idée même de “smart contracts” immuables. C’est le cœur de la promesse des “smart contracts” et ce fut le principal argument de “The DAO”.

Les contrats sont conçus pour fonctionner par l’unique et implacable volonté du code. Le code c’est le contrat, et il ne nécessite ni ne permet l’intervention ou l’interprétation humaine. Il est automatique et “autonome” […]. La valeur des “smart contracts” dépend à 100% de leur capacité à fonctionner sur un protocole qui suit des règles déterministes connues à l’avance, ce que doit être Ethereum.

Ce qui est aujourd’hui proposé c’est de modifier les règles du protocole de façon rétroactive, en raison d’une faille découverte dans l’application d’un contrat. Pour ce faire, on est prêt à réduire la confiance placée dans tous les contrats à venir […]

Beaucoup de gens ont souligné que Bitcoin a également connu un “fork” dans les premiers jours. C’est vrai, mais aussi très trompeur. Bitcoin n’a “forké” que lorsque le protocole a été rompu, jamais quand il fait son travail mais que les résultats ne donnaient pas satisfaction.

Un autre argument en faveur du “fork” c’est que le consensus vient de la communauté”, que “les mineurs peuvent voter”. C’est encore plus insidieux. Les mineurs, esclaves silencieux des règles du protocole, ne sont pas censés être les arbitres ultimes des transactions et des contrats […].

En résumé, si les “smart contracts” dépendent du jugement humain plus que du code qui les programme, ils ne peuvent plus prétendre être autonomes et automatiques et on pourrait désormais s’attendre à ce qu’ils soient rétroactivement inversés par la communauté, les tribunaux ou les gouvernementsSi tel est le cas, on se demande ce qu’ils apportent et on ne comprend plus pourquoi Ethereum devrait avoir une quelconque valeur.

La seule façon pour Ethereum de se remettre de cet événement et de prospérer à nouveau c’est de s’en tenir à ses propres principes.

C’est un choix difficile. Mais c’est le seul choix possible.

 

Source : coindesk.com


[1] Titre original : « Why the Wrong Response to The DAO Attack Could Kill Ethereum ».