Bonne et heureuse année 2018

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Parmi tous les événements de 2017, ce qu’on pourrait retenir avant tout c’est que ce fut l’année où Bitcoin a prouvé de façon éclatante que son protocole était réellement décentralisé et qu’aucun groupe, aussi puissant fut-il, ne pouvait en prendre le contrôle. On sait maintenant, si on en doutait encore, que ni les développeurs de Bitcoin Core qui ne constituent qu’une force de proposition, ni les mineurs – même quand ils s’unissent – ne peuvent imposer de modification au protocole sans un appui massif des utilisateurs.

Evidemment 2017 fut aussi celle de l’hystérie médiatique et des malentendus qu’il faut sans cesse dissiper :
– Non, Bitcoin n’est pas (encore ?) une monnaie fonctionnelle [1] ;
– Non, Bitcoin n’est pas non plus un investissement de bon père de famille [2] ;
– Non, Bitcoin ne va pas à coup sûr remplacer l’or [3] ;
– Non, il n’y a pas de société secrète, ni de secte, ni de gourou et pas le moindre Charles Ponzi au sommet d’une pyramide [4] ;
– Oui, il y des bulles, souvent, et qui explosent parfois, mais ne soyez pas pressés de fleurir la tombe de Bitcoin avec vos tulipes, la bête est bien plus coriace que vous ne l’imaginez ;
– Oui, Bitcoin reste un protocole expérimental porté par une communauté vivante de développeurs, de chercheurs, d’historiens, d’économistes, de mathématiciens qui tantôt s’opposent et s’invectivent, tantôt collaborent, innovent et trouvent des solutions ;
– Oui, il y a des chantiers qui traînent, des problèmes difficiles à résoudre et des questions importantes qui restent en suspens…

Pourtant, qu’on s’en réjouisse ou qu’on s’en indigne, il y a fort à parier que, d’ici quelques années, effectuer des transactions électroniques de pair à pair – y compris des micro-transactions ou des transactions conditionnelles complexes – pour un coût dérisoire, de façon instantanée, confidentielle [5], sécurisée et sans la moindre limite, sera devenu quelque chose d’absolument banal… et on n’aura peut-être même pas besoin, pour cela, de consommer toute l’énergie de l’Irlande ou de la Bulgarie !

 

Bonne et heureuse année 2018 !

 


[1] Avec coût moyen par transaction, au 31 décembre 2017, de 0,002 bitcoins, soit 22 €, Bitcoin ne permet plus, par exemple, d’effectuer de petits achats en ligne. Des solutions sont cependant en cours d’élaboration, mais il faudra du temps pour qu’elles s’imposent.

[2] A moins bien sûr que Bitcoin ne soit qu’un élément d’un panier d’investissement plus large et que ce père (ou cette mère) de famille ne sache sécuriser ses clés privées ou choisir un intermédiaire digne de confiance.

[3] Qui peut jurer que, face à une telle explosion de propositions, le leadership de Bitcoin, même en tant qu’or numérique, ne pourrait jamais être remis en question par une autre cybermonnaie plus performante ?

[4] Contrairement à ce que la presse laisse entendre, on sait très bien qui est derrière le code de Bitcoin (liste des contributeurs ici), Satoshi Nakamoto n’est que l’initiateur d’un projet désormais collectif.

[5] Les blockchains publiques proposent une alternative aux solutions de paiement privées gourmandes en données personnelles des banques commerciales et autres Visa, Mastercard, Western Union, Paypal, Apple Pay, et tout ce que les GAFAM nous préparent.