Bitcoin, smart contracts et Web 3.0

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Traduction d’un article de Muneeb Ali publié mardi dans Bitcoin Magazine :

La domination de Bitcoin sur les autres cryptomonnaies s’est considérablement accrue depuis la période expérimentale de 2017. Bitcoin a survécu à de multiples tentatives de forks et à de nombreux conflits internes pour s’imposer comme la cryptomonnaie de réserve vers laquelle on se replie dans les marchés baissiers. Avec plus de dix ans d’existence, le réseau Bitcoin a prouvé qu’il résiste à l’épreuve du temps. 

Cependant, Bitcoin a été laissé de côté pour tout ce qui concerne les smart contracts ou le Web 3.0, et je pense que cela va changer.

Il est vrai que Bitcoin ne peut pas tout faire. Bitcoin est sécurisé car son langage de script est limité. Le protocole est fiable et durable car il ne change pas. Mais cela ne signifie pas pour autant que tous ceux qui développent autour de Bitcoin ne peuvent pas innover pour prendre en charge le « Web 3.0 » auquel s’intéresse l’industrie crypto, car à mesure que nous avancerons nous nous rendrons compte qu’il est difficile de battre la sécurité et l’effet de réseau de Bitcoin.

Malgré plusieurs initiatives de concurrents potentiels, le hachage du réseau Bitcoin et la sécurité offerte par sa preuve de travail (PoW) restent sans précédent à ce jour. Pendant des années, de nouvelles cryptomonnaies ont tenté de lancer leurs propres réseaux PoW natifs ; aucune n’a approché le succès de Bitcoin.

Bitcoin a des effets de réseau. La plupart des gens découvrent les cryptomonnaies à travers Bitcoin. Si quelque chose peut être construit à partir de Bitcoin, cela finira par se faire sur Bitcoin plutôt qu’avec un écosystème plus petit. En outre, avec l’effet de réseau, le succès de Bitcoin se renforce de lui-même : les mineurs constatent que le réseau est établi, que la communauté est forte et que bitcoin est la monnaie la plus « solide » de l’espace cryptographique. Ils rejoignent le réseau ou accentuent leur engagement, augmentant la puissance de hachage et la fiabilité du réseau ; leur arrivée rassure encore plus les détenteurs de bitcoins et les entreprises, augmentant le soutien de la communauté. Le cycle se poursuit…

Des contrats intelligents sur Bitcoin ?

Ceux qui remettent en question sa capacité d’innovation de Bitcoin ont pourtant des arguments valables. Certains aspects de Bitcoin frustrent les développeurs qui souhaitent explorer les possibilités des smart contracts et des applications décentralisées. De nombreux projets ont créé leurs propres blockchains car ils perçoivent les limitations du script de Bitcoin comme un élément bloquant. Ils ne nient pas la sécurité de la blockchain Bitcoin, mais ils souhaitent également pouvoir écrire des smart contracts plus expressifs. Ces nouvelles blockchains se heurtent cependant à la mauvaise sécurité d’un PoW trop faible et tentent souvent de passer au PoS (preuve d’enjeu) ou au DPoS (preuve d’enjeu déléguée) qui peuvent être moins sécurisés et tendre vers la centralisation.

En conséquence, plusieurs projets se sont résignés à choisir leur poison : soit tenter d’amorcer leur propre chaîne PoW, soit mettre en place une chaîne PoS, avec tous les compromis que cela implique. 

Pourtant ce ne sont pas les seules options. Il existe un chemin différent : les plateformes de smart contract peuvent utiliser la sécurité du PoW de Bitcoin pour protéger de nouvelles blockchain. Les transactions qui se règlent sur Bitcoin sont en effet plus difficiles à réorganiser que sur tout autre réseau. De nouveaux protocoles pourrait faire reposer leur sécurité sur Bitcoin et étendre ainsi l’utilisation de Bitcoin. Il s’agit de possibilités encore sous-explorées, bien que les choses commencent à changer.

La sécurité de Bitcoin, reposant sur sa dépense énergétique, peut en effet être transmise à une chaîne interconnectée en utilisant des concepts tels que la preuve de transfert (PoX). Il est important de comprendre que les chaînes interconnectées diffèrent des sidechains traditionnelles ; Les chaînes interconnectées créent leurs propres actifs cryptographiques, mais elles reposent sur la blockchain Bitcoin pour le minage. Les chaînes interconnectées arrimées à Bitcoin sont bénéfiques pour toutes les parties, car ces nouvelles blockchains profitent de la fiabilité et de la longévité du Bitcoin tout en offrant liberté et flexibilité aux développeurs. La blockchain Bitcoin en bénéficie également car ces nouveaux cas d’usage peuvent attirer de nouveaux mineurs et de nouveaux participants au réseau, renforçant encore la place de Bitcoin en tant que cryptomonnaie de réserve […].

De même que vous n’avez pas besoin de construire de nouvelles routes pour chaque nouvelle voiture, il n’est pas nécessaire de réinventer de nouvelles chaînes PoW ou PoS pour réaliser des smart contracts robustes ou pour lancer de nouvelles blockchains. La base solide dont nous avons besoin pour réaliser notre vision du Web 3.0 est déjà là ; un futur Web 3.0 pourra s’ancrer à Bitcoin.

Muneeb Ali, cofondateur de Blockstack