Vidéo : la blockchain au tribunal de l’internet

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Réalisé par le magazine Le Point et diffusé sur Dailymotion, le tribunal de l’internet est une émission qui propose deux points de vue sur une problématique liée aux nouvelles technologies. Le procès du 13 février – « Faut-il encadrer la technologie blockchain ? » – fait écho à une question déjà posée en décembre 2014 : « Faut-il réglementer le bitcoin ? ». L’intention est louable, on regrettera cependant quelques approximations [*] qui ne contribueront pas à éclaircir les idées du grand public.

« Et si la « blockchain » devenait l’un des thèmes de campagne de la présidentielle ? Cet ovni technologique, qui en est encore à ses balbutiements, est en effet censé bouleverser les règles du jeu de l’économie alors qu’aucune loi ne l’encadre […]. De quoi s’agit-il ? Peut-on légiférer sans paralyser son développement ? À vous de juger ! »


[*] Approximations et erreurs :

1. Parler de la blockchain au singulier c’est laisser penser que toutes se valent, qu’elles sont toutes également immuables et sécurisés et c’est oublier qu’au cimetière des blockchains il y a des enterrements presque chaque semaine.

2. Aucune blockchain n’est une « immense base de données », il s’agit au contraire de registres très réduits. La condition de la décentralisation c’est un volume faible et une croissance lente afin de faciliter la duplication du registre sur un grand nombre de nœuds. Un disque dur très ordinaire suffit, par exemple, pour contenir l’ensemble des transactions Bitcoin.

3. Le « procureur » laisse croire que la blockchain Bitcoin a été piratée. Ce n’est pourtant pas un bug de Bitcoin qui a provoqué la faillite de plusieurs exchanges, mais la faiblesse de la sécurité de ces plateformes. Ces événements montrent au contraire la vulnérabilité des systèmes centralisés.

4. « Si on vous vole vos bitcoins vous n’avez que vous yeux pour pleurer ». En effet, Bitcoin c’est du cash électronique (« A Peer-to-Peer Electronic Cash System« ) , mais on peut faire le même procès à l’euro, aucune banque ne rembourse les billets de banque perdus ou volés.

5. La vidéo confond deux usages qui devraient être bien distincts :
– On peut utiliser une blockchain pour faire circuler une monnaie numérique de pair à pair qui, n’étant pas localement circonscrite, est hors de portée des réglementations locales (comment interdire une transaction Bitcoin ?).
– On peut également utiliser une blockchain pour représenter et horodater des éléments (contrats, biens…) qui dépendent la plupart du temps du droit en usage dans la zone géographique dans laquelle ils sont reconnus.