Reliques

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Le mot « relique » traverse le ciel de l’économie tel une météore, sous la plume souvent très littéraire de JM Keynes. Sa première mention est je crois dans le Tract on Monetary Reform publié en 1923. La formule (lui) plut et 21 ans plus tard, Lord Keynes la citait avec une fausse modestie remarquable devant la Chambre des Lords. L’expression barbarous relic avait d’abord visé l’étalon-or ; en 1944 il semble que c’était l’or lui-même qui était renvoyé vers un passé volontairement imprécis.

Quelque complexes qu’aient été les rapports de Keynes avec la religion (et sans s’appesantir non plus sur la morgue du britannique évoquant les barbares) il sourd dans cet usage péjoratif de la relique comme un mépris dont on ne sait s’il faut l’attribuer au protestant ou à l’intellectuel.

Dans le monde du Bitcoin, on rabâche un peu la vieille histoire de Luther qui a libéré les consciences de l’emprise de Rome, moderne Babylone où le pape vendait des remises de peines dans l’autre monde. En dénonçant ce trafic centralisé (à Rome) il aurait mis en place un schéma que l’on compare ensuite à celui de Satoshi.

Mais si les Indulgences firent scandales, c’est largement parce qu’elles étaient mal enracinées. La vraie religion populaire, durant des siècles, ce fut bien plutôt celle des reliques. Et cette histoire là n’est pas moins intéressante que l’autre.

Article de Jacques Favier à lire sur son blog : La Voie du Bitcoin