Bitcoin et la Banque de France

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La Banque de France vient de publier une note de six pages intitulée : Les dangers liés au développement des monnaies virtuelles : l’exemple du bitcoin.

Objectifs annoncés : passer en revue le fonctionnement de Bitcoin, illustrer les dangers que font peser les monnaies virtuelles sur les utilisateurs et poser les enjeux d’un encadrement réglementaire.

En résumé la Banque de France plaide en faveur d’une régulation des crypto-monnaies (principalement Bitcoin) et c’est une excellente chose. Bitcoin, qui n’est qu’un projet au stade expérimental, a en effet grand besoin de régulation (nationale, européenne, mais surtout internationale) avant de grandir davantage.

Certains points du rapport sont cependant discutables. La Banque de France affirme notamment un peu rapidement que Bitcoin présente « peu ou pas d’intérêt pour une utilisation par les acteurs économiques ». En effet, ce n’est pas parce que, pour l’instant, Bitcoin sert avant tout de réserve de valeur pour les spéculateurs, qu’il ne sera pas capable un jour, en tant qu’intermédiaire de paiement (libre et public), de concurrencer tous les systèmes (privés et centralisés) existants, avec un bénéfice réel pour le consommateur et des garanties supplémentaires pour les commerces en ligne.

La Banque de France se trompe également quand elle évoque la sécurité du système : rappelons que la puissance de calcul du réseau distribué de transactions Bitcoin, qui dépasse la puissance combinée des 500 plus gros ordinateurs de la planète, garantit l’intégrité et la transparence des transactions mieux que tout autre système. En outre payer en bitcoins ne nécessite pas de livrer sur internet des informations sensibles comme un numéro de carte bleue, ce qui, en termes de sécurité, constitue une autre avancée. Avec Bitcoin ce n’est pas le vendeur qui prélève, c’est l’acheteur qui crédite !

Enfin, elle déclare que « les investisseurs ne peuvent récupérer leurs fonds en devises que si d’autres utilisateurs désirent acquérir des bitcoins », présentant cela comme un travers des crypto-monnaies. On ne voit cependant pas très en quoi cela distingue Bitcoin de n’importe quel autre placement… et même de n’importe quelle autre monnaie !

Petit conseil : Plutôt que de répéter que Bitcoin n’a pas de valeur légale, que ce n’est pas une monnaie et qu’il faut regarder ailleurs, il serait sans doute plus efficace de s’en emparer, de lui donner un statut et une existence juridique afin de créer de nouveaux outils pour mieux encadrer son utilisation.

JS