Publication du livre blanc de Libra, la monnaie numérique de facebook

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Selon le white paper publié hier sur libra.org, la future monnaie numérique lancée par Facebook reposera sur une « blockchain » consortiale [1] développée par une fondation suisse et gérée par une centaine d’acteurs [2] – entreprises et organisations – qui formeront les noeuds du réseau. Ces nœuds seront coordonnés par un nouvel algorithme de consensus, appelé LibraBFT [3]. Le Libra sera soutenu par un panier d’actifs financiers stables, tels que des dettes souveraines, libellés en dollars, en euros, en yens et en livres sterling.

A terme Libra prendra en charge les smart-contracts avec son propre langage de programmation : le Move. 

Libra sera d’abord expérimenté sur un réseau de test qui permettra aux développeurs tiers et à toute institution de se familiariser avec cette nouvelle blockchain et son interface de smart contrat, puis sera intégré dans les 18 prochains mois à l’écosystème de Facebook construit autour de Messenger, WhatsApp et Facebook à l’aide d’une application nommée Calibra qui est aussi le nom de la société en charge des services proposés par Facebook sur Libra – société agréée en tant que Money Services Business auprès du régulateur US.

On l’aura compris, le projet Libra a un potentiel énorme. Si on considère l’importance des moyens mis en oeuvre, la puissance des partenaires impliqués et la volonté d’ouverture (rien à voir avec la blockchain de JPMorgan), son ambition de monnaie numérique mondiale est donc à prendre très au sérieux.

A noter que Libra entre en concurrence directe avec un certain nombre de projets blockchain mais ne concurrence Bitcoin ni dans sa niche de monnaie résistante à toute forme de censure – la confidentialité et la protection des données personnelles ne semblent pas être un objectif de Facebook – ni surtout dans sa fonction d’or numérique [4]. Certains estiment d’ailleurs que Libra pourrait apporter une liquidité nouvelle aux marchés des cryptomonnaies et profiter à Bitcoin.

« Bien que le Libra de Facebook ne soit pas en concurrence avec les blockchains ouvertes, publiques, sans autorisation, sans frontières, neutres et résistantes à la censure, il concurrencera à la fois les banques de détail et les banques centrales. Ça va être divertissant. »Andreas Antonopoulos.

Réaction de Bruno Le Maire devant l’Assemblée Nationale le 18 juin 2019 :

 

En savoir plus : libra.orginfo.binance.com 

 


[1] Le terme blockchain est peut-être utilisé abusivement. Il n’y a apparemment pas de blocs de transaction chainés dans le projet Libra.

[2] Premiers partenaires annoncés : Coinbase – BisonTrails – Xapo – Anchorage – Ebay – Mercado Pago (MercadoLibre) – Farfetch – Andreessen Horowitz – Union Square Ventures – Creative Destruction Lab – Ribbit Capital – Thrive Capital – Women’s World Banking – Kiva – Mercy Corps – Visa – Stripe – PayPal – PayU – Mastercard – Ride-share – Lyft – Uber – Facebook (Calibra) – Vodafone – Illiad (free.fr) – Booking Holdings.

[3] LibraBFT (Byzantine-Fault-Tolerant) est inspiré d’un autre algorithme, appelé HotStuff, qui permet d’obtenir un consensus par un système de vote si plus des deux tiers des acteurs sont vertueux. Facebook promet une transition, cinq ans après le lancement de Libra, vers quelque chose qui ressemble à du DPoS.

[4] Inutile de spéculer sur la valeur du Libra si la monnaie de votre pays est relativement stable.