Dans un article intitulé « Bitcoin: une monnaie électronique peut-elle détrôner le dollar ou l’euro ? » (lesechos.fr, 29 avril 2013), l’économiste Pascal de Lima mettait en doute la pérennité de Bitcoin et sa valeur en tant que monnaie. Karl Chappé vient de lui répondre sur francebitcoin.com.
Bitcoin est un sujet complexe et il n’est pas rare de lire des analyses qui manquent de discernement en l’absence d’informations ou de pratiques suffisantes avec Bitcoin. Je me permets donc d’apporter un complément d’information.
“D’abord le Bitcoin est une simple monnaie virtuelle”
Bitcoin est un protocole de transfert avant d’être une monnaie. Toute la valeur de Bitcoin réside dans la technologie de paiement qui utilise le peer-to-peer et la cryptographie afin de fonctionner sans aucune autorité centrale : la gestion des transactions est supportée collectivement par le réseau.
“Puis avec des transactions intraçables, comment imaginer ne serait-ce qu’une seconde qu’elle puisse être le socle d’une société fondée sur la confiance ?“
Toutes les transactions qui passent par le réseau Bitcoin sont enregistrées et visibles de tous. Le site blockchain.info regroupe l’ensemble des transactions réalisées depuis la création de Bitcoin. Les transactions sont donc traçables.
Même si Bitcoin offre davantage de confidentialités, Bitcoin n’est pas anonyme pour autant. Lorsque vous transférez des euros de votre compte bancaire à une adresse Bitcoin, il est par la suite possible d’identifier exactement le chemin de vos bitcoins et de remonter le fil jusqu’à la destination finale.
Bien entendu, si dès le départ vous vous efforcez de camoufler votre identité, il sera difficile de remonter jusqu’à vous. De la même manière qu’il est possible d’ouvrir un compte bancaire avec une fausse pièce d’identité. En outre, il est plus aisé de suivre et d’identifier les transactions en bitcoins que de suivre les échanges en espèces.
“La relation de confiance nécessitant au moins deux individus, avec des monnaies dont on ne connait pas l’expéditeur, il y a fort à parier que l’on soit plus proche du blanchiment d’argent que de la confiance procédurale sociale-démocrate fondée sur la monnaie.”
WordPress, Reddit, le Parti Libéral américain et des milliers de commerces font confiance et acceptent Bitcoin comme moyen de paiement. Je vous invite à regarder l’excellent reportage réalisé par le journal The Gardian à propos des commerces qui acceptent Bitcoin.
Associer Bitcoin uniquement au blanchiment d’argent relève du préjugé et d’une généralisation hâtive de votre part.
“De plus, son cours est très volatile. Or c’est la stabilité du change et de l’inflation qui forgent la confiance.”
Comme je l’ai déjà évoqué, Bitcoin est avant tout une technologie et un protocole de transfert. La confiance réside dans le système décentralisé, fondé sur les mathématiques et sur un instrument politiquement neutre.
La volatilité ne représente pas une barrière à l’utilisation de Bitcoin. Si vous souhaitez transférer de l’argent à quelqu’un qui se trouve à l’autre bout du monde, peu importe qu’un bitcoin soit égal à 1 ou à 100 euros. Vous échangez vos euros en bitcoins et transférez votre argent de manière quasi instantanée, tout en économisant les frais de transactions.
De la même manière, les commerçants qui acceptent Bitcoin, ajustent automatiquement leurs prix en fonction du cours actuel. Des services tels que BitPay proposent aux e-marchands d’accepter les paiements en bitcoins et échangent automatiquement ceux-ci en euros.
En outre, la volatilité actuelle va se résorber avec le temps. Bitcoin est une technologie qui potentiellement peut bouleverser de nombreux acteurs tels que Visa, Master card, Wester Union et bien d’autres. Il est donc normal qu’il y ait de grands mouvements spéculatifs, mais dans un futur proche la spéculation va s’atténuer et laisser place au véritable prix du bitcoin.
“Instrument de transactions :peut-être de façon très partielle, mais qui garantit la sécurité des transactions ?”
La sécurité des transactions est assurée par le réseau et par l’utilisation de la cryptographie asymétrique associée à des paires de clés. Les principes de sécurité de Bitcoin surpassent les standards utilisés par les institutions financières et les banques. Jusqu’à présent aucun hacker et aucun chercheur en sécurité informatique n’a réussi à déjouer l’intégrité du protocole. Peut-on en dire autant des transactions bancaires ?
En outre, Bitcoin offre bien plus de sécurité pour le commerçant que la carte bleue. Grâce à Bitcoin, ceux-ci ont la possibilité de vendre dans le monde entier en toute sécurité, les transactions étant irréversibles et les oppositions aux paiements impossibles.
“Bref, le vrai problème est davantage dans la défiance de la monnaie euro que dans la confiance dans les bitcoins, comme en témoignent les pics de téléchargement de l’application bitcoin observés à Chypre cette semaine, en Espagne au mois de mars. Et l’on revient à l’éternel problème de l’euro.”
La semaine dernière Chypre était en 76ème position des pays qui ont le plus téléchargé le client Bitcoin, entre le Nigeria et la République Dominicaine. Les Espagnols ne téléchargent pas plus Bitcoin que les Allemands ou les Français, ils sont 9ème, l’Allemagne est 4ème et la France 11ème.
Par contre, on parle effectivement de Bitcoin suite aux problèmes de la zone euro. La perte de confiance dans les autorités centrales qui nous gouvernent, les faillites des États et des banques, sont autant d’éléments qui profitent à Bitcoin.
Bref, le vrai problème est que votre analyse se réfère à la caractéristique simplificatrice et globalisante des préjugés concernant Bitcoin.
par Karl Chappé
Source : http://francebitcoin.com/en-reponse-au-journal-les-echos-et-a-monsieur-pascal-de-lima/
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