Orange investit dans « une solution blockchain »

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Orange a annoncé hier sa participation, via son fonds Orange Digital Ventures, au financement de Chain, une société qui ambitionne de fournir à ses actionnaires une « blockchain privée » qui pourrait servir de plateforme pour toutes sortes de transactions : titres financiers, cartes cadeaux, points de fidélité et crédit mobile. L’opérateur français de télécom rejoint ainsi un consortium d’investisseurs, dont Capital One, Citi, NASDAQ ou Visa, qui vient d’injecter 30 millions de dollars dans le projet.

« Nous croyons au potentiel de rupture de la blockchain. Devenir un partenaire clé et un investisseur de Chain nous permettra d’apprendre plus vite et de lancer des essais autour de cette technologie […]. Ces nouveaux réseaux permettront de simplifier le transfert de données entre les opérateurs, et d’améliorer l’expérience des utilisateurs finaux », a ainsi déclaré Pierre Louette, Directeur général adjoint d’Orange. Nul doute que c’est le crédit mobile qui intéresse avant tout Orange, dont la filiale Orange Money, service de transfert d’argent, est en plein développement en Afrique de l’Ouest. Dans son communiqué Orange précise toutefois vouloir étendre l’utilisation de la technologie à d’autres domaines comme l’internet des objets ou les services télécoms.

Tentative désespérée pour s’approprier une technologie qui lui leur échappe ? Publicité pour Bitcoin ? L’engouement nouveau des banques et des grands groupes pour ces blockchains privées est diversement apprécié par les inconditionnels du bitcoin.

Nick Szabo estime que de tels systèmes ne permettent pas de tirer partie des effets positifs de la décentralisation car une blockchain privée n’aura jamais la liberté de Bitcoin et devra composer avec les réglementations locales, qui imposeront inévitablement des points de contrôle qui seront autant de vulnérabilités.

Adam Ludwin, CEO de Chain, est d’ailleurs conscient de ces difficultés : « Le chemin qui mène du monde d’aujourd’hui à celui de demain, ou tous les actifs seront numériques, est sinueux et incertain […]. Les systèmes existants devront migrer, des obstacles réglementaires devront être levés, certaines institutions vont se battre […] pour préserver leur influence […]. Nous ne bâtiront pas ces réseaux en six mois. C’est un travail à long terme, une pente ardue, certains diront une folle aventure, que nous entreprenons « .

On notera l’implication de Visa qui, depuis le début de l’année, expérimente à Bangalore en Inde une application smartphone appelé mVisa, fonctionnant en « push payment » [1], une révolution pour Visa.

Les entreprises du consortium se réuniront à huit clos deux fois dans un « Blockchain Working Group », au cours duquel elles négocieront les mises à jour et décideront, loin des yeux du monde, des directions à prendre.

Sources : wsj.com – forbes.com – nextinpact.com


[1] Visa fonctionne en « pull payment » (transfert de débit) : le commerçant se sert sur le compte du client grâce aux données sensibles que ce dernier lui a confiées. Bitcoin fonctionne en « push payment » (transfert de crédit) : le client envoie le paiement à l’adresse que le commerçant lui a donnée. Le « push payment » est une sécurité à la fois pour le client, qui ne livre pas de données sensibles, et pour le commerçant car le paiement est irréversible.