« Les partisans des CBDC [1] affirment que ces monnaies strictement centralisées représentent la réalisation d’un étalon nouveau et audacieux – pas un étalon d’or, ni un étalon d’argent, ni même un étalon fondé sur une blockchain, mais quelque chose comme un étalon de feuille de calcul, où chaque dollar émis par une banque centrale est détenu par un compte géré par une banque centrale, enregistré dans un vaste registre d’État qui peut être continuellement examiné et éternellement révisé.
Les partisans de la CBDC affirment que cela rendra les transactions quotidiennes à la fois plus sûres (en éliminant le risque de contrepartie) et plus faciles à taxer (en rendant presque impossible de cacher de l’argent au gouvernement).
Les opposants à la CBDC, cependant, citent ces mêmes prétendues “sécurité” et “facilité” pour affirmer qu’un e-dollar, par exemple, n’est qu’une extension ou une manifestation financière de l’État de surveillance qui ne cesse de s’étendre. Pour ces critiques, la méthode par laquelle cette proposition éradique tant les risques de la faillite que les fraudeurs fiscaux dessine une ligne rouge vif autour son défaut mortel : cela ne se fait qu’au prix de l’installation de l’État, désormais au courant de l’utilisation et de la détention de chaque dollar, au centre de toute interaction monétaire. C’est le modèle chinois, s’écrient les chantres de la serviette en papier [2]. Or en Chine, la nouvelle interdiction du bitcoin ainsi que la mise en circulation du yuan numérique, ont clairement pour but d’accroître la capacité de l’État à servir d’intermédiaire – à s’imposer au milieu de la moindre transaction. »
Traduction d’un article d’Edward Snowden à lire dans son intégralité sur le blog de Jacques Favier : LA VOIE DU BITCOIN
[1] CBDC : central bank digital currency (monnaie numérique de banque centrale).
[2] Plus haut dans le texte Edward Snowden compare les monnaies souveraines imprimées par les Etats de « belles serviettes de table ».