L’empreinte carbone de bitcoin, légende ou réalité ?

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Difficile d’échapper à cette révélation dans la presse depuis quelques semaines, « Bitcoin est une catastrophe écologique ».

Cette assertion reprise en chœur par une presse qui ne vérifie plus ses infos (je l’ai lu dans le New York Times, donc c’est à priori sérieux nous expliquait récemment un journaliste) provient du site « digiconomist.net ». D’aucuns diront qu’Alex De Vries, l’unique contributeur de ce soi-disant think thank est un affidé des banques puisqu’il y a fait l’essentiel de sa courte carrière et donc, qu’il est en mission pour tuer bitcoin. Peu importe pourquoi il est anti-bitcoin, il l’est à l’évidence, pour produire des chiffres aussi exagérés.

Malgré le manque de crédibilité de ce « think thank alone » et le parti pris que le profil professionnel de son animateur peut laisser supposer, la presse mondiale gobe : Libération écrit, repris aussitôt par moultes titres « La Chine est le premier producteur de bitcoin ; or la Chine tourne au Charbon, donc bitcoin est sale, il consomme 11 millions de tonnes de charbon par an » ; fermez le ban, comment vouloir ne serait-ce qu’essayer de comprendre Bitcoin quand on sait cela ?

Bien sûr, c’est faux, comme tous les chiffres avancés au jugé par cet organe officiel de l’opposition à bitcoin : Si la Chine a bien un mix électrique où le charbon est encore présent à près de 60%, cela laisse 40% d’électricité décarbonée. Et c’est une part de cette énergie qui est utilisée en grande majorité par les mineurs chinois. Sans doute subsiste-t-il des mines qui utilisent du KW carboné, pour notre part, nous n’en connaissons pas et faisons pourtant tout pour bien connaitre notre marché, ce qui n’est pas le cas de M. DeVries qui n’a jamais visité de mine ailleurs que sur YouTube. De plus, le fait même que la Chine reste à l’heure actuelle le principal acteur mondial du mining, avec soit disant 60 à 80% de la puissance de calcul du réseau est loin d’être une évidence : bitcoin est également miné partout ailleurs (Québec, Islande, Géorgie, Russie, Mongolie, Kazakhstan, USA, Hollande, Norvège, France, etc.) et nulle part au charbon.

Le mining évolue très vite, plus vite que les écrits de M. DeVries ; les projections qu’il fait vont totalement à l’encontre de la réalité économique des mineurs et de leurs fournisseurs, les compagnies productrices d’électricité. En effet, ces dernières ont compris tout l’intérêt du mining pour l’équilibre de leurs activités : si on ne sait pas stocker les kW en surproduction, le mining permet de les transformer en jetons numériques (bictoin ou autres), et de redistribuer cette richesse pour équilibrer un prix du kW national, par exemple. Ainsi, les sources d’hydroélectricité, souvent isolés des grands centres urbains, ont des capacités de production inexploitées du fait de difficultés de transports. Un centre de mining au cœur même de ces installations hydro permet d’avoir un matelas de consommation régulière et permanente ; cette industrie nouvelle, capable de venir s’installer là où on surproduit est une aubaine économique pour des pays et leurs compagnies électriques appelées à investir dans une transition énergétique que nous appelons tous de nos vœux.

Les énergies alternatives qui peinent à s’imposer face à des centrales au charbon pour des questions purement financières trouvent en bitcoin une source de financement inespérée. Elles offrent évidemment aux mineurs, seuls en capacité de venir consommer cette électricité fatale à la source, des prix du kW défiants toute concurrence, faisant du bitcoin carboné un objet du passé et de Digiconomist un lanceur d’alerte dépassé.

Bientôt 10 ans que ses détracteurs tapent comme des sourds sur Bitcoin, ne faisant que le renforcer. Pour eux, l’idée de dénoncer la consommation énergétique de Bitcoin en la gonflant et en la salissant au carbone pouvait paraître géniale, tant l’avenir de notre planète nous préoccupe tous. Mais mentir, c’est pécher et ça finit par se savoir. Maintenant on sait : bitcoin n’est pas sale et n’est en aucun cas une menace écologique mais bien une chance pour la transition énergétique. Enfin, bitcoin propose une alternative à un système monétaire régi par la dette qui ne fonctionne qu’entre deux crises financières, système ô combien plus énergivore que ne le sera jamais Bitcoin. Lecteur écologiste, tu peux utiliser Bitcoin plus serein que tu n’utilises l’euro, pas de doute là-dessus.

 


A propos de l’auteur

Sébastien Gouspillou est cofondateur et Président de BigBlock Datacenter, société qui conçoit et gère des unités dédiées aux « calculs Blockchain » à Odessa et à Nantes.