Des monnaies parallèles pour sortir de crise ? Du WIR, du retour du troc en Russie, du plan B de Varoufakis… Conférence de Maël Rolland, doctorant à l’École des hautes études en sciences sociales.
Quand ? – Lundi 7 janvier 2019 de 17h00 à 19h00
Où ? – EHESS – salle 3, 105 Boulevard Raspail à Paris
« Lors de cette séance nous questionnerons la capacité qu’auraient les monnaies parallèles à être une solution efficace aux événements aigus de crise, voire même dans leur prévention. Partant d’un corpus émergent, soulignant la plus grande résilience qu’aurait un système monétaire et financier moins unitaire et plus compartimenté, nous reviendrons sur certains épisodes de crises qui ont vu émerger comme réponse, plus ou moins formelle, des monnaies parallèles. Nous ferons retour sur le phénomène du troc qui, à rebours des visions économiques traditionnelles qui l’opposent à la monnaie, sera abordé, au contraire, comme un espace monétaire à part entière. Particulièrement, nous nous intéresserons au cas russe, qui en lui-même semble paradoxal. En effet, le retour massif au troc, comme moyen d’échanges inter-entreprises entre 1992 et 1998, alors même que l’inflation diminuait, va à l’encontre des analyses traditionnelles qui en ont été faites (hyperinflation, défiance envers la monnaie nationale, moindre efficacité du troc, etc.). Cela interroge à la fois sur les ressorts sociaux et relationnels qui sous-tendent l’échange, les modalités de conversions entre monnaies de qualité différente et aussi sur le contournement de politiques monétaires restrictives rendant la liquidité difficile d’accès. Nous reviendrons aussi à une proposition de monnaie parallèle qui n’a jamais vu le jour et c’est, nous semble-t-il, les conditions de ce « non être » qui seront les plus symptomatiques. Suivant un portrait rapide de la crise économique, sociale et politique grecque, nous reviendrons sur les modalités pratiques envisagées par l’État grec, via son ministre des finances (Y. Varoufakis), dans la mise en place d’une monnaie électronique spécifique (dimension nationale), en complément de l’euro (dimension supra nationale) devenu trop rare pour les acteurs économiques. À travers ce projet et son abandon, comme les débats qu’il a pu susciter, nous dégagerons les enjeux en termes de souveraineté et de légitimité qu’un tel épisode révèle sur la situation monétaire de la zone euro. »