Comment expliquer cette soudaine envolée du cours ?
Courant décembre, la première division des récompenses (25BTC pour le calcul d’un bloc de transactions, au lieu de 50 précédemment) pour les « mineurs » de bitcoins avait préparé le terrain.
Et puis il y a la fragilité actuelle des monnaies traditionnelles : la crainte de la taxation des dépôts bancaires en Espagne, la crise chypriote, la création, il y a quelques semaines, d’un Hedge Fund maltais investissant dans les bitcoins et, à beaucoup plus long terme, la baisse constante de la valeur des monnaies fiduciaires (par rapport à l’or par exemple). On se méfie des banques et quelques audacieux tentent l’expérience Bitcoin.
Mais il y a un autre facteur qui se conjugue et amplifie le phénomène. C’est son utilisation croissante pour des trafics de toute sorte.
Bitcoin est une contribution à une certaine idée d’un monde libre – ou d’un monde du libre, celui de l’open source et de l’intelligence collective. Mais ça n’est encore que très marginalement utilisé pour l’échange courant de biens et de services. N’essayez pas de vendre votre bicyclette en bitcoins sur leboncoin, vous ne trouverez pas d’acheteurs. A terme les bitcoins seront en déflation constante, alors quand on en possède, mieux vaut les garder comme un lingot d’or sous un matelas ou les échanger contre du cash.
Bitcoin c’est donc pour l’instant une bonne valeur refuge, ou un moyen de spéculer sans faire de tort à personne (contrairement à la spéculation sur le logement, les ressources énergétiques ou les matières premières). C’est encore un moyen de gagner un peu d’argent en « minant » des bitcoins avec des machines surpuissantes (ce qui est surtout rentable pour les employés d’EDF). C’est aussi très bien pour se protéger des tyrans dans les dictatures, en permettant par exemple aux blogueurs dissidents d’accéder aux services premium de WordPress ou de financer des organisations comme Wikileaks... mais n’ignorons pas le fait que ça facilite aussi le travail des cybercriminels, qui, pour l’instant, ont une longueur d’avance dans ce domaine sur les cybergendarmes.
En ce sens c’est une monnaie pleine d’avenir… mais j’aurais préféré que ça reste une monnaie de geek.
Et puis ce qui n’énerve aussi c’est que j’ai découvert bitcoin en 2010 quand un bitcoin ne valait que quelques dizaines de centimes d’euros et que je n’en ai pas acheté…