Bitcoin est-il suprémaciste ?

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Dans cet article il sera question de suprématie mais au sens technique tel que développé par Jacques Ellul dans Le système technicien et non au sens racial ou ethnique.

La suprématie de la technique dans la pensée de Jacques Ellul

Il est pris comme hypothèse que la science moderne émane d’un groupe uni et cohérent même si elle possède plusieurs courants et que ses consensus ne sont jamais définitifs.

Dans un de ses ouvrages majeur le philosophe de la technique et de la théologie Jacques Ellul développe l’idée selon laquelle la science moderne (mathématiques, physique, chimie, biologie…) est au fond une croyance comme une autre au même titre que les religions (monothéiste, polythéiste, animiste…) et idéologies (libéralisme, communisme, capitalisme…). L’argument de base est que, dans tous les cas, il est question d’un groupe qui se met d’accord pour décider d’un consensus sur l’interprétation des faits, ce qui est assez banal en soi mais que la science, contrairement aux autres croyances, a intégré des mécanismes qui lui permettent d’atteindre des objectifs que les autres croyances n’étaient pas capables d’atteindre. Le mécanisme majeur qui rend la science suprémaciste est une boucle de rétroaction entre le consensus et l’expérience, quand une expérience contredit le consensus alors c’est le consensus qui change et ce mécanisme de rétroaction est beaucoup moins présent voire inexistant dans les autres croyances. C’est pour cela que la science est en perpétuelle évolution contrairement à la plupart des autres croyances, même si en réalité toutes les croyances religieuses ne rentrent pas en résonance de la même manière avec la croyance scientifique.

Par exemple, le protestantisme entre le XVIe et le XIXe siècle permettait une flexibilité dans la création de consensus (luthérianisme, calvinisme, anabaptisme, méthodisme, presbytarianisme…) ce qui dans un contexte historique de changements sociétaux (exploration, l’imprimerie, machine à vapeur…) lui conférait un avantage compétitif par rapport à un catholicisme plus hiérarchique qui prenait plus de temps à intégrer les changements de société.

Remarque : Dans l’étique protestante et l’esprit du capitalisme, trois arguments principaux sont développés par Max Weber pour expliquer que le protestantisme a été un terreau favorable au capitalisme et à l’industrialisation (phénomène absent de l’antiquité alors que le principe de la machine à vapeur était connu à l’époque). Ces arguments sont, le « béruf » (vocation ou fonction en allemand) qui aurait préparé à la spécialisation des tâches et au taylorisme, l’ascétisme qui préparait à l’épargne, et la prédestination qui préparait au travail acharné, aux plans de long terme et au libéralisme. Le protestantisme a été un terreau favorable au capitalisme et à l’industrialisation à l’époque (du XVIe au XIXe) parce que c’était la croyance dont les valeurs rentraient le plus en résonance avec la croyance scientifique. Mais de nos jours à travers le système fiat, l’Empire protestant américain est aussi celui de la planche à billets gratuits, nous sommes loin des valeurs originelles…

Le positivisme a essayé d’hybrider science et religion, mais cette croyance est très minoritaire et tout ce qui a été dit précédemment sur les différences entre sciences et religions peut aussi s’appliquer sur les différences entre science et idéologie.

La croyance monétaire Bitcoin et ses mécanismes

Ce n’est pas tant que Bitcoin soit la seule vraie science pour la monnaie, mais plutôt que comme le protestantisme en son temps (principalement, selon Weber, le luthérianisme et le calvinisme) était la croyance la plus apte à rentrer en résonance avec la croyance scientifique, de même Bitcoin semble être la croyance monétaire la plus apte à rentrer en résonance avec la croyance scientifique de nos jours (sci-hub, la source libre…). Il n’est pas à exclure que cela change un jour.

Concrètement dans le protocole cela s’incarne en partie par le fait que le consensus de Bitcoin intègre les mécanismes suivants :

– le réajustement de la difficulté de minage, la quantité d’énergie nécessaire pour miner un bloc varie en fonction de la puissance de calcul sur le réseau, quand la puissance de calcul baisse la quantité d’énergie nécessaire pour miner un bloc diminue et inversement. Cela permet d’assurer que le minage reste toujours rentable en cas de diminution de la puissance de calcul et donc de mineurs, et, en cas d’augmentation de la puissance de calcul et du nombre de mineurs, pour que l’activité reste équitable alors l’énergie nécessaire pour miner un bloc augmente.

– le protocole est en source libre et distribué afin de maximiser le nombre de participants, cela permet de maximiser les capacités du réseau et d’éviter une éventuelle corruption par un petit groupe. Cependant cela n’exclut pas la possibilité de faire des forks en cas d’absence de consensus sur une nouvelle mise à jour du protocole.

– Bitcoin est déflationniste, il a une quantité de jetons limité et sa vitesse d’émission diminue avec le temps.

Il existe bien d’autres raisons pour lesquels la croyance Bitcoin est supérieure et d’autres textes en ont parlé en long en large et en travers [1, 2], mais comparés aux autres croyances monétaires (fiat ou la majorité des altcoins) Bitcoin est suprémaciste.

Remarque : Dans la pensée d’Ellul la propriété majeure qui fait office de définition pour la technique est la recherche d’efficacité. Or la propriété majeure de Bitcoin est bien plus sa resilience ou son anti-fragilité dans le sens ou la capacité à maintenir le réseau (noeud, minage, logiciel…) est plus essentiel dans son développement que par exemple l’efficacité Hash par Joule d’une machine de minage par exemple. Les technologies en source libre et distribué sont typiquement des techniques qui ont pris en compte les critiques du passé et notamment celles d’Ellul.

Les mêmes causes entraînent les mêmes conséquences

La technique est universelle, la plupart des chrétiens, juifs, musulmans, bouddhistes ou shintoïstes font confiance aux créations issues de la croyance technique (avion, ordinateur, médicaments…) mais la réciproque n’est pas vrai. Par analogie il y a fort à parier que les adeptes du fiat et des altcoins finiront par utiliser Bitcoin mais que la réciproque ne sera pas vrai (idem pour les idéologues).

L’évolution de la technique crée au sein de l’humanité des différences très marquées en matière d’industrialisation, de production de biens et de services, de confort… En général, ces différences changent les interactions au sein des différents groupes humains, tendanciellement la majorité des êtres humains cherchent à acquérir les technologies (ou infrastructures) les plus avancées. Typiquement, la théorie de l’Archéofutursime de Guillaume Faye a plusieurs fois été battu en brèche dans le sens où, dans l’antiquité déjà, des peuples dit « barbares » aux technologies relativement moins évoluées (aqueducs, architecture, droit…) que les cités grecques ou l’Empire romain, se sont mis à les imiter et ont essayé de s’intégrer à leurs sociétés malgré le rejet qu’ils pouvaient susciter.

Par exemple en France, peu de gens s’appellent Brennus, Vercingétorix ou Childeric, par contre beaucoup de gens s’appellent Paul, Pierre ou Ulysse, ces prénoms sont empruntés à d’autres civilisations (christiano-hélénistique en l’occurrence). La technique induit de manière automatique l’un des meilleurs « pouvoir doux » (soft power) possible dans le sens où ceux qui en sont le moins pourvus seront tendanciellement influencés par cette dernière. Imaginez le nombre d’enfants de nocoiners qui porteront le nom de Satoshi dans les générations futures…

Remarque : La croyance scientifique met en difficulté les autres croyances dont elle finit en général par dévoiler les failles, l’exemple tarte à la crème est le procès de Galilée. Or, avec le temps, même si la croyance scientifique a fini par s’installer après le XIXe siècle, elle se heurte aujourd’hui encore à d’autres croyances que sont les idéologies. Les communistes disent que le capitalisme ne marche pas, les capitalistes que le communisme ne marche pas et le vainqueur est le camp qui arrive à faire perdurer son système technique parce que l’autre est vaincu ou qu’il s’effondre. Ainsi, la croyance technique est suprémaciste en ce sens qu’elle gagne toujours indépendamment du vainqueur. Mais la technique suppose de se remettre à jour régulièrement (veille d’état de l’art, formation continue…), ce qui est bien plus pénible que dans les autres croyances qui ont tendance, lorsqu’elles sont en difficultés, à user de stratégies brutales ou retorses. Par exemple, les croyances non scientifiques, lorsqu’elles sont en difficultés, peuvent se mettre à réagir avec violence (bûcher, pogrom…) ou peuvent se mettre à manipuler ses fidèles [3]. C’est d’ailleurs un bon indicateur pour savoir si une croyance stagne ou si elle est dans sa phase de régression.

Ainsi, il est tout à fait probable que, pour une partie de la population, le modèle MNBC de surveillance de masse soit plus approprié, que ce soit pour des gens peu fortunés ou pour l’aristocratie stato-financière [4] (capitalistes de connivence). Se moquer ou brimer cela serait délétère car ça ne ferait qu’attiser le conflit, tout comme il est préférable de faire preuve de tolérance envers les croyances religieuses des autres, il est préférable de faire preuve de tolérance envers les croyances monétaires (fiat, altcoins…) des autres. Plutôt qu’être moqueur nous pourrions être initiateurs.

De même que l’on dit qu’à un dîner il ne faut pas parler de politique ou de religion pour ne pas froisser les opinions d’autrui, peut-être un jour il ne faudra pas parler de monnaie fiat (quelle que soit la nation) ou d’altcoins pour ne pas froisser les opinions d’autrui. Ces diverses croyances non rationnelles ne reposant en général sur des faits non rationnels, les croyants craignent que si un non croyant aborde le sujet qui met en évidence une faille de la croyance alors les efforts passés du croyant sont dévalués, ce qui n’est jamais très agréable [5]. Le fanatisme qu’il soit religieux, idéologique, fiatiste ou altcoinesque a un seuil de tolérance très bas au biais des coûts irrécupérables [6] par ce qu’il repose sur l’idée que son consensus n’est pas ou peu négociable. Le mécanisme de fork de Bitcoin étant une solution à ce genre de problème.

Avant le XIX siècle et l’industrialisation, les théories explicatives de l’évolution des peuples et des cultures avaient au premier ordre pour variable la géographie, les théories du climat sont très représentatives de cela [7]. Cependant, depuis l’industrialisation, il semble que la technique, parce qu’elle s’est développée de manière massive, soit devenue un facteur tout aussi déterminant que la géographie [8]. Ainsi, si la technique (fiat, Bitcoin ou Windows, Linux…) est devenu un milieu déterminant au même titre que la géographie (montagne, désert, plaine…), alors les populations Bitcoiners divergeront des autres populations. La technique est totalitaire : une grande part des interactions d’humains à humains implique des machines (visioconférence, machine à café automatique…). Au siècle dernier, Jacques Ellul dans Propagandes ou Guy Debord dans La Société du spectacle avaient déjà constaté le caractère totalitaire que prenaient les médias dans les sociétés industrialisées. De nos jours le phénomène s’est accentué. Nous sommes passés d’une propagande de masse uniforme, à une propagande de masse personnalisée – ce qui la rend d’autant plus efficace – grâce à internet et à la collecte des données personnelles.

Il est tout à fait possible que si Bitcoin devait jouer le rôle d’étalon monétaire comme l’or en son temps, il deviendrait totalitaire (l’ultima ratio mundi comme dirait Balzac) car il serait dès lors omniprésent dans l’évaluation des actifs [9]. Une telle situation provoquerait possiblement une réaction de la part de certains groupes qui alors se braqueraient contre Bitcoin, un peu comme en 2024 beaucoup se braquent contre la notion de PIB.

La technique favorise les spécialistes. Le coût de traitement de l’information (veille de l’état de l’art, formation…) que nécessite la croyance technique étant élevé, il n’est pas à étonnant de voir que la plupart des gens lui préfèrent des croyances religieuses ou idéologiques à base de morale et d’attaque Ad Hominem.

Or ce sont bien les spécialistes (les vrais) qui profitent le plus du développement du domaine technique qu’ils maitrisent.

Les évolutions de sociétés engendrées par la croyance technique amènent inévitablement à des changements dans l’ordre établi (la bourgeoisie détrône la noblesse, les fiatistes de connivence détrônent la bourgeoisie…), ce qui produit immanquablement des conflits. De plus, Bourdieu expliquait dans La Distinction que les transfuges de classes ayant connu une ascension sociale rencontraient des difficultés pour se faire accepter parce qu’ils n’avaient pas forcément les mêmes codes que les classes qu’ils avaient rejointes. Par ailleurs, il y a peut-être un « biais du jeu à somme nulle ». Ayant été longtemps été chasseur cueilleur avec une économie à somme nulle car le progrès technique y était quasiment nul, un nouvel arrivant dans le groupe est considéré comme une nouvelle bouche à nourrir. Le concept de « monde plein » développé par l’historien Pierre Chaunu va aussi dans ce sens-là. Quoi qu’il en soit, il en résulte que l’aristocratie regardait de haut la bourgeoisie malgré les progrès techniques que celle-ci apporta et que la bourgeoisie regardait de haut les fiatistes de connivence malgré les services tertiaires subventionnés qu’ils apportent. Aujourd’hui, les Bitcoiners ou « geeks » (au choix) sont également regardés de haut par les fiatistes de connivence malgré ce que le numérique apporte (et c’est pour ça qu’ils rétropédalent au sujet des bienfaits du numérique).

En définitive c’est la croyance qui réussit à le plus « incarner l’esprit technicien » qui l’emporte, typiquement c’est en général la croyance la plus apte à maitriser les technologies les plus avancés (fusion nucléaire, ordinateur quantique, biotechnologies…) et donc la croyance scientifique qui devient hégémonique (malheureusement pour l’Occident en 2024 cela n’est vraiment au programme [10]…). Une élite sera toujours jugée à ses résultats, que ce soit la noblesse, la bourgeoisie, les fiatistes de connivence ou les Bitcoiners/geeks.

S’il est certain que la technique permet d’améliorer le niveau de vie (nous vivions mieux qu’au Moyen-Âge), en revanche cela ne rend pas heureux pour autant et d’ailleurs les classes dirigeantes ont des raisons objectives de craindre le progrès technologique, pas seulement à cause d’une autre classe concurrente mais aussi parce que cela rend la société plus complexe à gérer. De plus, Tocqueville l’a expliqué dans De la démocratie en Amérique, à la fin du XIXe siècle, si les gens se plaignaient plus que sous l’Ancien régime, cela n’est pas dû au fait que leurs conditions de vie se soient dégradées mais au contraire c’est parce qu’elles se sont améliorés qu’ils peuvent se permettre de se plaindre (en revanche les gens sont aussi accessoirement moins violent…).

La technique est autonome, si l’état de l’art des connaissances scientifiques et techniques ne progresse pas dans une civilisation, alors elle progressera dans une autre. Rogzy l’a d’ailleurs très bien expliqué à travers le cas de Bitcoin dans une vidéo sur la théorie des jeux de [11].

Enfin, plus la technique progresse, plus tous les phénomènes décrit ci-dessus ont tendances à s’accélérer, si une civilisation n’arrive pas à tenir la cadence alors la technique se développera dans une autre. C’est déjà arrivé dans le passé, l’agriculture, l’écriture et beaucoup d’autres technologies ont émergé en Orient et en Asie (Sumériens, Xia…), ces zones géographiques ont petit à petit centralisé et administré le pouvoir pour finalement stagner technologiquement. Car, les pouvoirs centraux ont fini par considérer que les évolutions technologiques les menaçaient plus qu’elles ne leur apportaient. Puis la technique s’est développée dans une autre civilisation, l’Occident. Nous verrons ce que le futur nous réserve…

Annexe

Parmi les mécanismes qui rendent Bitcoin suprémaciste il en existe au moins un dont l’arbitraire pourrait être concurrencé par d’autres arbitrages, il s’agit du mécanisme d’émission monétaire. Bitcoin pour son mécanisme d’émission monétaire a choisi un mécanisme de « division » (halving), ci-dessous un graphique représentant l’émission monétaire en résultant :

Figure 1: graphique représentant l’émission monnétaire de Bitcoin

L’arbitrage est le suivant : la récompense de blocs est divisée par 2 tous les 4 ans jusqu’à atteindre une limite de 21 000 000 en 2140. Or il au moins deux autres arbitrages d’émission monétaire qui pourraient lui faire concurrence de manière crédible.

La première est celle de la queue d’émission utilisée notamment dans Monero, il s’agit d’une quantité fixe de récompense de bloc comme illustré sur ce graphique [12] :

Figure 2: graphique représentant l’émission monnétaire de Monero

L’émission de Monero avant la queue d’émission en 2022 n’était pas rythmée par des « divisions » (halving) car l’émission était lisse, c’est à dire que l’émission de Monero par blocs diminuait de manière continue et non en marches d’escalier comme Bitcoin.

Si l’émission de Bitcoin est proche des idées de Hayek, l’émission de Monero est plus proche des idées de Keynes qui tendent avec le temps vers les idées d’Hayek [12]. En effet, la « planche à Monero » tourne mais l’impact de celle-ci tend vers 0 au fil du temps, cet arbitrage de queue d’émission est censé rendre le minage de Monero moins « critique ». Car le minage de Monero étant jusque ici ASIC résistant pour ne pas optimiser l’efficacité de calcul des machines de minage et éviter sa centralisation, la queue d’émission sert d’incitation pour compenser le manque de rentabilité du minage de Monero étant donnée que son industrialisation est peu viable. Enfin, l’attaque du réseau de minage de Monero est d’autant moins crédible que son système de signature en cercle revient à mixer les transactions à chaque bloc, l’attaquant ne saurait même pas qui il est en train d’attaquer.

Dans l’arbitrage de l’émission de Monero, une partie de sa capacité à être une réserve de valeur a été diminuée au profit de la facilité à sécuriser son réseau de minage [13]. Ce choix n’est pas meilleur ou pire que celui de Bitcoin, il est différent car cet arbitrage permet de ne plus se poser de questions concernant la pérennité du minage (même si, avec des frais moyens actuellement supérieurs à 1 bitcoin par bloc, le risque d’une « spirale de la mort » [14] s’atténue pour Bitcoin). Evidemment ce choix se fait aux dépens de la qualité de réserve de valeur de Monero.

Un deuxième arbitrage d’émission qui pourrait être pertinent serait une queue d’émission « lisse » (smooth) à dérivé négative comme illustré ci-dessous :

Figure 2: graphique représentant l’émission monnétaire de Monero

Dans l’arbitrage de l’émission de ce jeton hypothétique une partie de sa capacité à être une réserve de valeur a été augmentée au détriment de l’incitation à sécuriser son réseau de minage. Ce choix n’est pas meilleur ou pire qu’un autre et, quelque part, il revient à assumer et même à programmer un phénomène qui arrivera inévitablement sur Bitcoin après 2140. En effet, la probabilité que des jetons soient perdus (envoi sur une mauvaise adresse, perte de clés…) n’étant pas nul, il est certain que sur le très long terme (l’an 3 000 ou 4 000) la quantité de Bitcoin sur le réseau diminuera comme avec une queue d’émission à dérivée négative (sans pour autant tendre vers zéro, car les pertes de clés diminuent radicalement au fil du temps avec la montée en compétence globale, la valorisation du btc, les progrès techniques et « l’institutionnalisation » de Bitcoin).

La conception de la durée de ces cycles de jetons numériques distribués en source libre pourrait être liée aux trois grands types de cycles économiques connus : Kitchin (3-4 ans), Juglar (6-12 ans) et Kondratiev (30-50 ans). L’intérêt de ce genre d’approche est que coupler une monnaie communautaire (au protocole en source libre distribué) à une activité économique adaptée (gestion des stocks, évolution de l’investissement, innovation de rupture et changement civilisationnel…). Il est alors possible d’optimiser sa monnaie communautaire et cela sur des durées très longues. Si Bitcoin devait un jour être affecté par la fin de la subvention du minage (hypothèse dont on peut aujourd’hui légitimement douter), une solution possible serait de faire un hard fork avec une version du protocole inchangée et l’autre avec une queue d’émission lisse à dérivée positive comme Monero.

Références

[1] L’élégance de Bitcoin de Ludovic Lars.
[2] Bitcoin, la monnaie acéphale d’Adli Takkal Bataille et Jacques Favier.
[3] https://www.youtube.com/watch?v=jKurmNKX3EA
[4] La lutte des classes au XXIème siècle d’Emmanuel Todd.
[5] https://bitcoin.fr/esclave-du-futur-certes-mais-sous-quel-regime/
[6] https://www.youtube.com/watch?v=GCmfXMMhRzk
[7] https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_des_climats
[8] https://www.youtube.com/watch?v=ma56XKhLGi0&t=6087s
[9] https://www.citadel21.com/deeper-down-the-rabbit-hole
[10] La défaite de l’Occident d’Emmanuel Todd.
[11] https://www.youtube.com/watch?v=VF7TR4mGv9s
[12] https://www.moneroinflation.com/inflation
[13] https://gitlab.com/lthn/whitepapers/-/blob/master/CryptoNote-v2.0.pdf
[14] https://bitcoin.fr/la-spirale-de-la-mort-de-bitcoin-un-serpent-de-mer-aussi-probable-que-le-monstre-du-loch-ness/


A propos de l’auteur

Thomas Mang, ancien doctorant au CEA de Grenoble, est ingénieur en Photonique depuis 2017. Passionné par les technologies du numérique (l’impression 3D, Bitcoin), il s’y intéresse non pas à travers le prisme des « sciences dures » mais par les sciences humaines : l’histoire ou l’anthropologie.

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