Si on peut estimer la consommation électrique du réseau bitcoin à 3,7 milliards de kWh par an [1], soit la moitié de la production d’un réacteur nucléaire, difficile cependant d’en déduire une quelconque empreinte écologique. En effet, la pression de la concurrence incite les entreprises du secteur à rechercher l’électricité la moins chère du marché et c’est bien souvent l’énergie verte produite loin des grands centres urbains par certaines infrastructures hydroélectriques (Chine) ou géothermiques (Islande) surdimensionnées qui peinent à écouler leur production.
C’est le cas notamment de la nouvelle installation que la société HaoBTC met en place au Tibet entre Kongyu et la ville de Kangding, non loin d’une centrale hydroélectrique prévue initialement pour alimenter le réseau national, mais devenue soudain inutile avec le ralentissement du développement industriel chinois.
Extrait d’un article publié hier sur latribune.fr :
« La Chine est rapidement devenue la pièce centrale dans l’économie du Bitcoin. Les bas salaires et le faible prix de l’énergie permettent la création de sites de minage partout dans le pays, y compris dans les montagnes du Tibet. Dans les hauteurs du plateau tibétain, difficile d’imaginer que sont « minés » chaque jour des bitcoins. Placées dans un bâtiment non loin d’une centrale hydroélectrique entourée des sommets les plus hauts du monde, entre Kongyu et la ville de Kangding, des centaines de microprocesseurs valident pourtant chaque jour des milliers de transactions de la première crypto-monnaie mondiale à travers une série de calculs, recevant en contrepartie des bitcoins, raconte dans un long reportage le Washington Post.
À l’origine, les entreprises privées ayant financé la construction de cette centrale hydroélectrique à l’ouest du Sichuan prévoyait de revendre l’électricité produite sur le réseau national, mais le ralentissement économique chinois en a décidé autrement. Tant mieux pour le site d’échange – depuis avril 2016 – et de stockage de bitcoins HaoBTC qui peut ainsi faire tourner sa « mine » encore en construction à moindre frais, tant ces opérations consomment de l’électricité.
Sur ses trois sites de minage, tous situés dans les montagnes tibétaines, la plateforme ouverte en 2014 compte 10 employés rémunérés environ 6.000 yuans (800 euros), a expliqué au Washington Post Eric Mu, directeur du marketing de HaoBTC. Un salaire bas mais jugé « décent » dans cette région du monde.
À l’intérieur de ces « mines », les ventilateurs tournent en continu. Même l’air frais des plus de 2.000 mètres d’altitudes et les relativement basses températures des hauteurs tibétaines – de -6° à 12° l’hiver et de 11° à 22° l’été – ne suffit pas à refroidir les pièces où sont entreposés les équipements informatiques, plus de 11.000 au total. De quoi assurer la production de plus de 80 bitcoins, soit environ 43.500 euros au cours actuel (544,39 euros le bitcoin).
Des sites du genre, la Chine en compte plusieurs dizaines, voire centaines, gérées par des plateformes parfois similaires à HaoBTC, parfois bien plus importantes comme F2Pool qui a miné à elle seule 26,3% des blocs de Bitcoin entre mai et juin 2016. »
Sources : washingtonpost.com – latribune.fr
[1] Calcul basé sur le matériel le plus standard (et non pas le plus récent) soit un AntMiner S7 d’une consommation de 1210 W pour une puissance de 4,86 Thash/s.