Après fliquer-filer, il semble que copier-coller soit une nouvelle méthode d’investigation. Europol a sorti fin septembre son nouveau rapport Internet Organised Crime Threat Assessment (IOCTA) et le bitcoin y est de nouveau à l’honneur, avec 38 citations en 76 pages.
On trouvera ici le texte complet du rapport 2015 (qui semble n’exister qu’en langue anglaise, au mépris des règles européennes).
Ce qui frappe le plus, c’est le caractère très général de certaines assertions : Bitcoin is establishing itself as a single common currency for cybercriminals within the EU. Bitcoin is no longer used preferentially within Darknet marketplaces but is increasingly being adopted for other types of cybercrime as well.
Si l’on ne peut que se féliciter du désir d’apprendre et de comprendre (Law enforcement must continue and expand successful initiatives to share knowledge, expertise and best practice on dealing with Bitcoin), si l’on peut sourire d’un vocabulaire comiquement technique (le self-generated indecent material désignant si j’ose tout comprendre la sextape hackée devenu objet de chantage), on ne contestera en rien le bien-fondé de la lutte contre le trafic d’images criminelles ou contre le rançonnement.
L’essentiel du rapport est cependant composé de re-sucée. On pense que bitcoin peut servir à payer des saletés. Note en bas de page 30, renvoi à un rapport daté de mai 2014, émis par l’ICMEC (International Centre for Missing & Exploited Children) lequel cite une page sur deux le FBI (raison de plus, me direz-vous, de rester en langue anglaise) lequel FBI croit savoir que les flics israéliens ont observé en 2013 a drug distribution ring believed to be operating in Bitcoins (cette perle se trouve en page 12 du rapport d el’ICMEC).
Peut-on reprocher aux condors de n’avoir pas vu venir l’affaire Ashley Madisson qui a éclaté au moment où le rapport devait être bouclé ? Non, mais l’existence de big data conçues comme à dessein de servir de matériel de chantage potentiel, l’existence de back doors systématiquement demandées par les États et employés par les hackers (quand ce n’est pas le contraire, voir une étrange affaire dans le pays de Vaud), tout cela devrait permettre de réfléchir avant, plutôt que de recopier après.
Or, non, on en remet : Legislators and policy makers, together with industry and academia, must implement a workable solution to the issue of encryption which allows legitimate users to protect their privacy and property without severely compromising government and law enforcement’s ability to investigate criminal or national security threats.
Revenons aux choses sérieuses: les chiffres. il y en a bien peu. Le crime se servirait du bitcoin (combien ?) mais aussi de Paypal (ah oui ?) et même du cash (oh non? ) voire de virements bancaires ( aïe). Nous voilà renseignés.
En novembre 2014, une opération impliquant 21 polices nationales (Onymous) a permis la saisie de bitcoins worth EUR 900 000 and EUR 180 000 in cash, drugs, gold and silver.
Ah ben chapeau(x) les Dupont. Quelques chiffres : le CA de la drogue est de l’ordre de 250 milliards, la capitalisation du bitcoin de 3, 5 milliards (de quoi ? Ah de dollars Monsieur ! comme dit Lino dans l’Aventure, c’est l’aventure). Même en ne les faisant servir qu’à la chnouf, on est court. Et il reste la rançon au self-generated indecent material.
L’enquête continue. On attend le rapport 2016.