Le deuxième Forum mondial de l’OCDE sur les politiques en matière de « technologie des chaînes de blocs » réunit hier et aujourd’hui « des décideurs de haut niveau issus des secteurs public et privé, des experts, des universitaires et d’autres parties prenantes ». Hier matin, après le discours d’ouverture du Secrétaire général, Bruno Le Maire, ministre français de l’Économie et des Finances, a jeté une nouvelle fois l’anathème sur le projet Libra de Facebook et appelé à la création d’une « monnaie digitale publique ».
Aucune précision encore sur la nature de cette monnaie : « plusieurs options » sont sur la table. Le ministre insiste cependant sur sa nécessaire traçabilité : « Je ne vois pas pourquoi nous ferions attention depuis des années à éviter toute utilisation d’une monnaie pour le blanchiment ou pour la lutte contre le financement du terrorisme et qu’une monnaie digitale comme Libra échapperait à ces obligations. »
On peut donc en conclure que la monnaie numérique publique qu’il appelle de ses vœux pourra difficilement se passer de tiers privés dédiés à l’enregistrement et à la surveillance des comptes – avec les coûts, la lenteur et l’intrusion dans la vie privée que cela implique -, et qu’elle ne pourra par conséquent pas reposer sur un registre public ouvert à tous. Au final on peut légitimement se demander ce qui la différenciera des monnaies fiduciaires publiques – essentiellement numériques et scripturales – telles qu’elles existent déjà aujourd’hui.