Le jour où j’ai été REKT…

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J’avais envie de raconter un peu ma vie, du jour où j’ai débarqué dans les cryptos, jusqu’à mon REKT [1]. Parce que oui, j’ai vécu un bon gros REKT traumatisant pendant la bulle de 2017. Je trouve que la période de fin d’année, le moment des bilans, se prête bien à un petit billet cathartique, lancé façon bouteille à la mer, à propos de ce que je considère avoir été ma « bulle personnelle ».

Pour la petite histoire, j’ai débarqué concrètement dans le monde des cryptos dans la période de la bulle générale, au mois de mai 2017. Je suivais de loin le marché du Bitcoin, dans le cadre de mon activité professionnelle entre 2015–2016. A ce moment là, je ne m’y intéressais pas plus que ça. Je voyais ce « truc bizarre » prendre un carton monumental, se calmer, pris reprendre son ascension. Mon déclic s’est fait durant l’hiver 2017, où je l’ai vu franchir la barre des 1000$ et s’y installer. J’ai trouvé ça fou, et je me suis alors documenté sur le monde des cryptos. C’est le déclic, j’ai accroché. Tout simplement parce que les cryptos sont une nouvelle proposition de structuration de systèmes économiques, eux-mêmes toujours plus dans l’inclusion digitale. L’Internet de l’argent, c’est pour moi inexorable.

J’ai franchi le pas durant le mois de mai 2017, en achetant mon premier demi BTC à 2374€. Et ensuite, de fil en aiguille, j’ai découvert le monde des alts et j’ai crée mon compte Bittrex, l’exchange alors Numéro 1 (je fais déjà partie des anciens rien qu’à écrire ces deux dernières phrases p*tain…). Et là, j’ai gobé le narratif du new paradigm. Bon, j’étais pas complètement dupe non plus, je voyais que la plupart des tokens étaient des projets « lucratifs sans buts », ou tout au moins des idées certes intéressantes, mais aucunement menée comme de sérieux projets. En tout cas, j’étais dans la certitude que le marché prenait une ascension irréversible ; « c’était sérieux » ce qu’il se passait. Probablement comme la plupart des gens ont pu être dans cet état d’esprit, en fait.

Et donc je tradais les alts. Je jouais les pumps, en pure spéculation, avec succès. En même temps, printemps-été 2017, j’étais bien tombé, c’était pas compliqué de gagner de l’argent… J’ai enchaîné les trades, peu de pertes. Je prenais beaucoup de petites positions, par prudence. Je coupais assez vite, donc je profitais des pumps, et je sortais vite mes gains. Je suis passé d’un demi à 1,5 BTC.

Et puis un jour, sans le réaliser à ce moment là, j’ai craqué complet : l’excès de confiance en ce que je faisais, l’avidité, puis le bad trade. J’achète l’équivalent d’un Bitcoin de ADX. Je fais +270%. Je continue à jouer, je pars dormir serein, je laisse courir. Et puis ça se retourne contre moi le lendemain, j’ai refusé de vendre. A ce moment là, j’étais déstabilisé. J’ai ensuite enchaîné les pertes, j’ai fait n’importe quoi, comme un énervé, pour me retrouver au final avec 0,25 BTC. Défaite par K.O courant septembre. Si j’étais sorti de ce fameux trade comme je le faisais normalement, j’avais 2,7 BTC. Je me suis retrouvé psychologiquement abattu, au point d’avoir perdu confiance en mes capacités.

J’ai fait tout ce qu’il ne fallait pas faire : excès de confiance, un quasi all in dans une alt lambda, refuser une perte, des CERTITUDES. J’ai cramé un p*tain de BTC !

J’ai mis deux mois avant de retoucher à un marché. Un vrai « bad trip » après une période d’euphorie. Des prises de conscience : « ce marché, c’est bien une bulle classique, comme tu l’as appris à la fac. Et toi mec, t’as fait ta bulle personnelle. T’as beaucoup à apprendre, redescends de ton nuage, t’es pas un requin de Wall Street, tu t’es fait pigeonner comme les autres ». Je m’en suis rarement autant voulu, j’avais honte de moi-même.

Je suis heureux d’avoir tout de même gardé la présence d’esprit de n’y mettre qu’une partie de mes économies, même si je me suis tâté franchement, en mode YOLO, pour « me refaire ». Je sais que d’autres l’ont fait, et ça m’effraie pour eux. C’est pour ça que ça me glace quand je lis que certains le font encore… ça n’en vaut vraiment pas la peine…

Pour finir sur une touche positive, j’ai pu profiter de l’apothéose de décembre 2017, et j’ai pu revenir à un demi BTC. Match nul. Mais j’ai plein de $ADX. Je les garde en symbole.

Et ouais, j’ai pas gagné de fric pendant la bulle ! L’un dans l’autre, j’en n’ai pas non plus perdu, c’est déjà ça… Mais j’ai gagné une grande leçon de vie. Peut-être l’une des principales. J’y ai gagné une clarté sur ma psychologie personnelle, que j’ai travaillé en conséquence. Je sais où sont mes limites, et ce que je dois faire afin de conserver ma raison sur les marchés. J’ai aussi compris qu’on s’illusionnait beaucoup sur notre propre rationalité. J’ai arrêté avec l’avidité mortifère façon « je vais essayer de gratter un peu plus ». Je ne cherche plus le trade parfait, mais un objectif de gain, et surtout de le sécuriser. Même si ça fait X4 le lendemain. On en revient aux vieux proverbes : « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ».

Maintenant c’est ancré : je privilégie la régularité plutôt que la performance. La solidité plutôt que l’approximatif. Le vérifiable, le factuel, plutôt que les croyances et les affirmations péremptoires à but marchand qu’on nous vend dans l’environnement médiatique des cryptomonnaies, à un point caricatural.

J’aurais pu laisser tomber après cet échec, et passer à autre chose. Mais après avoir récupéré de mon « krach personnel », je me suis trouvé une véritable volonté de bosser les marchés, parce que j’adore ça en fait ! Cette expérience a été une vraie révélation ! Mais cette fois-ci, j’ai décidé de faire les choses bien et dans la perspective de pouvoir me projeter à long terme.

Voilà d’où je viens.

Ci-dessous, le schéma de ce je considère être “ma bulle personnelle”. Mon “rise & fall” s’est enchaîné relativement assez vite, en quelques semaines c’était réglé. Si j’ai mis plein de nuances de couleur, c’est pas par mauvais goût, c’est pour vous retranscrire ma tension psychologique lors des différents moments.


A propos de l’auteur :

« Je suis un twitto Francophone focalisé sur le marché des cryptomonnaies, yield manager de métier et partiellement trader pour compte propre. Je tiens une revue de marché quotidienne et je creuse et dépatouille avec ma pelle et ma pioche ce monde fascinant pour en sortir quelques punchlines et quelques articles sur mon Medium. » – Maxime Loves Cryptos.

 

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[1] Rekt : vient du mot anglais « wrecked » qui signifie « anéanti ». Expression fréquemment utilisée après une lourde perte suite à un mauvais placement.