Dans l’univers des fintechs, le mot « blockchain » sera sans doute celui de l’année 2015. Pourtant, à y regarder de plus près, ce mot est rarement utilisé pour désigner ce pourquoi il a été formé en 2008, vraisemblablement par Hal Finney : un registre de transactions décentralisé. Ce que les banques nomment la « technologie blockchain », c’est en effet non seulement ce fameux registre, mais encore tous les mécanismes complexes qui permettre de valider des transactions et d’inscrire et de nouveaux blocs dans ce grand livre.
Parler de blockchain pour désigner les avatars privés du protocole Bitcoin, c’est comme utiliser le mot « réservoir » pour évoquer une automobile entière. En rhétorique cela s’appelle une synecdoque : le tout par la partie. Mais pourquoi cette figure de style ? Pourquoi ne pas nommer les choses par leur nom ? Ce que les banques tentent de reproduire, d’édulcorer [1], de breveter [2] et au final de privatiser ce n’est ni plus ni moins que la technologie Bitcoin.
Seulement voilà, dire que de grands groupes financiers investissent des dizaines de millions pour copier et adapter la technologie Bitcoin à leurs besoins, ça serait donner beaucoup d’importance à un rival qui, après sept ans d’existence, reste toujours aussi dangereux et subversif. Bitcoin, c’est donc du passé, ça n’existe presque plus, inutile d’en parler davantage et de prendre le risque d’en faire la publicité… Blockchain, tel est désormais le Saint Graal de toute institution financière que se respecte.
Taire le nom de celui qu’on redoute permettra-t-il aux banques d’éviter les courts-circuits qui les menacent ? Pas sûr…
[1] Démilitariser diront les autres.
[2] Le 17 décembre dernier, Bank of America a déposé 10 demandes de brevets autour de ces technologies.