La mort quasi-certaine du bitcoin devrait bientôt être annoncée

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Depuis que la cryptomonnaie existe, sa mort a été annoncée, prévue, souhaitée, supputée, expliquée… pas moins de 190 fois ! Et ce n’est pas près de s’arrêter. Au gré de ses fluctuations et de l’actualité, des blogueurs les plus obscurs aux analystes les plus reconnus sur les publications les plus sérieuses, tous y vont de leur laïus pour rédiger le plus bel éloge funèbre et enfoncer un clou de plus sur le cercueil d’un mort… plus vivant que jamais. Pour vous, Achat-Bitcoin.fr fait le tour de ces funestes annonces.

La mort oui, mais la mort rapide

Depuis sa création « officielle » le 31 octobre 2008, le Bitcoin a attisé autant les convoitises que les foudres. Il n’a d’ailleurs pas fallu attendre longtemps pour qu’un funeste destin soit promis à la cryptomonnaie – et de préférence rapidement : Le 15 décembre 2010, soit environ deux ans après son lancement et la première transaction en Bitcoin entre Satoshi Nakamoto, l’inventeur du Bitcoin, et Hal Finney, membre de la première heure de la communauté cryptographique.

Cette première annonce recensée d’un funeste destin pour notre monnaie virtuelle en culottes courtes fut postée sur un blog économique indépendant tenu par Sean Lynch. Elle augure une longue série d’oraisons funèbres qui, à tort ou à raison (seul l’avenir nous le dira), vouent le Bitcoin aux gémonies en l’accablant de tous les maux, bouc émissaire moderne qui cristallise une peur technologique : celle de ce qu’on ne comprend pas.

Pourquoi le Bitcoin fait-il peur ?

Dans leur ouvrage De source sûre : nouvelles rumeurs d’aujourd’hui paru en 2005, Véronique Campion-Vincent et‎ Jean-Bruno Renard dressaient un panorama non exhaustif des légendes urbaines alors en vogue dans l’Hexagone : du poulet aux dioxines au sourire de l’ange à coups de lames de rasoir, en passant par la peur du four à micro-ondes, les auteurs analysent et classent les légendes urbaines plus ou moins célèbres, plus ou moins drôles, en différentes catégories : les paniques alimentaires, les légendes comiques, la sexualité, la violence urbaine, la nature sauvage, les manifestations du surnaturel traditionnel, et enfin Internet et les techno-peurs – ou peurs technologiques.

Alors certes, il y a quand même une différence entre un four à micro-ondes et un Bitcoin : s’il est à la rigueur acceptable pour un esprit commun que le micro-ondes réchauffe les aliments en faisant entrer les molécules d’eau en vibration, il est en revanche un peu plus compliqué de s’imaginer le fonctionnement de la blockchain qui conditionne la création et la vérification des transactions de la monnaie virtuelle.

Mais, à leur avènement, le train, la voiture et le téléphone n’avaient-ils pas aussi causé des peurs irraisonnées ? Ces inventions d’hier font aujourd’hui partie intégrante de notre vie quotidienne.

Le Bitcoin : ses meilleures morts

Une simple promenade entre ces chroniques mortuaires, érigées au gré des ans comme autant de pierres tombales pour un vivant, nous en apprend de belles sur la destinée de la cryptomonnaie. On accordera une mention spéciale pour la créativité des journalistes ou rédacteurs jamais en reste dès lors qu’il s’agit d’asséner le coup de grâce sur le cadavre encore tiède de l’innocente cryptomonnaie, aujourd’hui plus vivante que jamais. Voici le top 10 des morts recensées du Bitcoin :

N°10, la mort la plus bucolique – mention spéciale à cet éloge funèbre paru dans Financial Review le 16 novembre 2017 et donne au Bitcoin une dimension florale : « Pourquoi le Bitcoin subira le même sort que les tulipes », en référence à la bulle spéculative autour des tulipes dans les années 1630, qui fut un des cas d’école de bulle spéculative.

N°9, la mort la plus royaliste : « Le Bitcoin est mort, vive le Bitcoin ! » clame haut et fort le blogueur américain Patrick le 7 août 2017 sur son site. Il invite en fin d’article la communauté crypto à avouer sa défaite et à laisser le Bitcoin où il est… soit à presque $ 3 400,00 le jour de sa publication. Quand on connaît son prix aujourd’hui – soit le double – on se dit que son appel est resté, lui, lettre morte.

N°8, la mort la plus « Guy Fawkes » : le Français Frédéric Oudea, DG de la banque Société Générale et qui n’avance pourtant pas masqué, annonce lors d’une interview sur CNBC le 7 novembre 2017 que « le Bitcoin n’a pas de futur parce qu’il est anonyme ». Et vous, vous savez qui imprime vos billets en euros ? De la part d’un ancien inspecteur des finances qui recherche un contrôle maximum des transactions pour lutter contre l’économie parallèle, on se serait attendu à moins.

N°7, la mort la plus prophétique : Jiri Kram, architecte Cloud et CTO Fintech, annonce avec une précision d’horloger suisse la date exacte du crash du Bitcoin, soit le 12 décembre 2016, 4 jours après publication de son article sur LinkedIn. Avait-il trop lu les écrits de Paco Rabanne, qui prévoyait la fin du monde le 11 août 1999 ? Peut-être voulait-il juste montrer que sa monnaie virtuelle, le ForceCoin, valait mieux que notre bon vieux Bitcoin. Mais Force(Coin) est de constater qu’il avait visé à côté.

N°6, la mort la plus remplissage de dernière minute : « Expiré : le Bitcoin », sous-titre Michal Calore en deux coups les gros avant de s’enfuir mettre les pieds sous la table pour son repas de Noël en famille le 24 décembre 2012, déplorant qu’on ne puisse « même pas acheter d’actions facebook en Bitcoins », c’est dire le destin de looser auquel la cryptomonnaie est promise. Aujourd’hui, un seul bitcoin suffirait à acheter près de quarante actions Facebook.

N°5, la mort la plus western : « Le Bitcoin va mordre la poussière », lâchait le CATO Institute, un think tank libertarien américain basé à Washington, en novembre 2014. Un jour, peut-être… mais avant il semble qu’il chevauche, lui aussi, vers le soleil couchant en chantant.

N°4, la mort la plus sexiste : « Pourquoi la domination masculine du Bitcoin causera sa perte », écrit Felix Salmon sur le site Splinternews le 23 avril 2015. Selon lui, le simple fait d’être une femme met à l’écart de la population crypto, essentiellement masculine et taxée de misogynie. Mais a-t-il un instant songé qu’il s’agit peut-être simplement d’un joujou qui ne les intéresse pas ?

N°3, la mort la plus écolo-alarmiste : « Le Bitcoin n’est qu’une pyramide de Ponzi énergivore », assène sans ambages Ivo Welch, professeur de finance à UCLA (Université de Californie Los Angeles), le 24 octobre 2017. Son plus gros problème, selon lui : le minage de Bitcoin coûte cher en énergie, soit l’équivalent par an de la consommation de 2 millions de foyers américains. D’ailleurs, si le Bitcoin était rentable, J.P. Morgan se serait lancé dans le minage il y a belle lurette, complète-t-il. Mais Ivo, ne faut-il pas un peu d’énergie pour maintenir le mort en vie ?

N°2, la mort la plus incertaine : « Le Bitcoin est (presque) complètement mort », titre un article de blog du think tank religieux et libéral Acton Institute du 17 décembre 2014 – on peut difficilement moins se mouiller, le « presque » faisant toute la différence avec le « complètement ». Faut-il comprendre que la cryptomonnaie est « un petit peu » morte ? Mais après tout, la religion ne nous promet-elle pas une vie après la mort ? Difficile d’être sûr que ce mort-vivant nous laissera vraiment en paix !

N°1, la mort nette et précise : Taavet Hinrikus, CEO de TransferWise, une application de transfert d’argent P2P, n’y va pas de main morte : « Le Bitcoin est mort », déclare-t-il avec nonchalance dans un article sur Yahoo Finance, le 19 avril 2016. Une fine analyse quand on voit l’augmentation du nombre de transactions depuis, ainsi que la valeur du Bitcoin. Mais peut-être aimerait-il actionner le couperet lui-même ?

La mort du Bitcoin dépend surtout… du temps

Le Bitcoin reste certes hermétique au commun des mortels, et se pare des attributs qui lui confèrent un statut oscillant entre la légende urbaine (« Un ami en aurait acheté… », « Peu en ont vraiment vu ! » – normal, c’est une monnaie virtuelle) et le complot mondialisé (« De toute façon, ça n’intéresse que les hackers de chez Anonymous. » – lesquels hackers, bien évidemment, sont une véritable armée secrète), ça n’aide pas à inspirer confiance. Ce qui est, du reste, assez antinomique – puisqu’aucune transaction dans le monde n’est plus sûre et plus souvent contrôlée par des ordinateurs indépendants qu’une transaction en BTC.

Mais en y regardant de plus près, ces éructations répétées contre la monnaie virtuelle semblent suivre une certaine saisonnalité. Plus la cryptomonnaie vieillit, et plus sa mort semble imminente… rien que de bien naturel, me direz-vous. Mais voilà : elle n’a pas 10 ans. Les pics d’éloges funèbres en son honneur sont apparus notamment quand le Bitcoin a perdu une grande partie de sa valeur (dans l’année 2014 par exemple et début 2015), ou bien quand cette dernière a atteint des sommets inattendus (comme dans les 6 derniers mois, voir graphiques ci-dessous).

Vous aussi, écrivez un article annonçant la mort du Bitcoin !

Vous êtes prêt à annoncer la 201ème mort du Bitcoin mais vous êtes à court d’idées pour le titre ? Qu’à cela ne tienne, vous trouverez même un générateur automatique de titres – en anglais, mais cela pourra toujours vous inspirer ! En voici quelques-uns du meilleur cru :

The promise of Bitcoin is a joke.
La promesse du Bitcoin est une blague.

Why Bitcoin is in fact a scam.
Pourquoi le Bitcoin est une arnaque.

Et enfin, mention spéciale pour :
Bitcoin expired for the last time.
Le Bitcoin a rendu l’âme pour la dernière fois.

Oui, mais pour quelle dernière fois ?


A propos de l’auteur

Maxime est un « early-adopter » qui est tombé sous le charme du Bitcoin et de la technologie de la blockchain dès 2010. En 2013 il crée achat-bitcoin.fr pour présenter les plateformes d’achat/vente de cryptomonnaies ainsi que des astuces et conseils pour permettre aux débutants de ne pas se perdre dans le monde parfois risqué des monnaies décentralisées.