On entend souvent dire qu’il faut lire le White Paper pour comprendre Bitcoin et ses fondamentaux. Et c’est vrai. Son introduction est très instructive et regorge d’informations précieuses sur la conception du protocole. Mais en réalité, dès le deuxième paragraphe, sans les bases techniques nécessaires, on risque vite de se perdre. Quant à la partie finale, elle exige des compétences universitaires en mathématiques pour être pleinement comprise.
Il faut se rappeler qu’au moment de sa publication, le White Paper s’adressait avant tout à des personnes ayant les compétences requises. Il a été posté sur une liste de diffusion très spécialisée en cryptographie, et son objectif était davantage de recruter des contributeurs que de favoriser une adoption massive.
Cette première annonce n’a pas suscité beaucoup d’intérêt, mais elle a tout de même éveillé la curiosité de quelques figures notables, tel que James Donald, John Levrine, Ray Dillinger et Hal Finney, auxquels Satoshi répondra. Et c’est précisément à travers ces réponses qu’il apporte un éclairage supplémentaire, bien plus explicite sur le fonctionnement du protocole, et nettement plus accessible à la compréhension.
Cela s’explique en partie par le fait qu’il s’agisse d’une discussion théorique ayant eu lieu deux mois avant le lancement de la première version du logiciel client. On y trouve très peu de jargon technique ; la plupart des échanges relèvent surtout de raisonnements conceptuels.
Par conséquent, Satoshi et la majorité des participants s’expriment principalement dans un registre que l’on qualifie d’informatique perceptive (ou affective). Un style courant dans les hautes sphères de l’informatique, qui consiste à décrire des processus algorithmiques en termes de fonctions sensorielles ou de comportements humains. Ce style peut parfois donner une impression de simplicité trompeuse pour un lecteur non averti et empêcher de saisir la profondeur du message.
Car en effet, un autre élément tout à fait remarquable, bien qu’il ne soit pas formulé explicitement, est la présence récurrente dans ses messages de notions sous-jacentes telles que la théorie des jeux, notamment dans l’anticipation des attaques et les incitations stratégiques. Satoshi semble également tenir compte de la loi de Moore, ainsi que d’un ensemble de théories établies et éprouvées.
Les dimensions économiques et monétaires, en particulier la question de la valeur, sont aussi très présentes, tout comme la résolution du problème de la double dépense et du consensus byzantin, deux défis majeurs des protocoles de monnaie numérique depuis les années 1990.
Le document : Les premières-communications publiques du createur de Bitcoin – Volume-1 (PDF)
A propos de l’auteur

Concepteur et narrateur du podcast Enigma Nakamoto, Ur₿an.Tech21 explore les origines insolites de Bitcoin à travers les archives qui nous sont parvenues.