Pour Jean-Christophe Desprès et Mehdi Benchoufi, Bitcoin inaugure une nouvelle ère, celle des organisations autonomes distribuées.
Voilà quelques extraits d’un article qu’ils ont co-écrit et publié mercredi dans le journal Les Echos :
« [Bitcoin] a semé un vent de panique parmi les institutionnels qui auront tôt fait d’en limiter la portée, contrôler la menace, puis de compromettre la crédibilité que l’on pouvait attacher à un tel projet, aussitôt réduit à une fan-zone de hackers, une geekerie. Bref, une technologique intéressante qui ne saurait remplacer la confiance que l’on peut avoir dans la monnaie et ses billets, soit autant de bouts de papier signés par un gouverneur de banque dont la crédibilité dépend de notre foi.
De notre point de vue, Bitcoin a connu un succès remarquable et augure de quelque chose de nouveau. Et ce bien au-delà de la monnaie […].
L’intérêt du Bitcoin tient au moins autant à sa capacité à revisiter les mécanismes d’échanges de monnaies, à nous réinterroger sur la théorie de la valeur, qu’à la substance même de son protocole. La portée de celui-ci est si générale qu’elle laisse présager des usages bien au-delà des crypto-monnaies. En effet, lorsque l’on regarde au travers de BitCoin, apparaît son infrastructure intime qu’est la BlockChain. De quoi s’agit-il ? Un protocole qui lie tous les membres d’une même communauté et qui vise à fixer des règles inviolables ainsi qu’une totale transparence de toutes les transactions.
En pratique, toutes les opérations, financières ou non, enregistrées sur une Blockchain sont enregistrées. Tous ceux qui participent à la co-gestion de la communauté (les mineurs) possédant la même copie du registre. La BlockChain peut dès lors être considérée comme une particule de confiance. Sont ainsi nés des concurrents d’Uber, Ridecoin, un open Spotify… ou Ethereum, un projet récent, créé par un surdoué de 19 ans, incarne ainsi la décentralisation paroxystique des organisations et l’évolution vers une sorte de société de Pairs.
La confiance, essentielle à tout projet commun, peut désormais être hébergée dans un environnement ouvert, transparent, programmable. Elle se nourrit de transactions permanentes opérées et vérifiées par des pairs. Elle passe de la croyance au process.[…]
La confiance ne se décrète plus, elle se co-construit. Vient donc l’ère de ce qu’on appelle les Organisations Autonomes Distribuées. Les tiers de confiance traditionnels vont être remis en cause, au-delà de ce qu’on peut imaginer aujourd’hui. L’état civil, le vote, les transactions de toute nature risquent bientôt d’entrer dans un processus de décentralisation irréversible.[…]
La logique BlockChain vise à faire de nous des citoyens co-contractants. Dans le minage, la confiance est un titre de transaction entre pairs, la preuve établie aux yeux et avec l’approbation de tous que les règles que se donne la communauté ont été respectées. La politique, dépouillée de ses oripeaux, pourra éclore dans un milieu mesurable, hautement évolutif, collaboratif, désintermédié. Son modus operandi est élémentaire, dès lors qu’une majorité simple de Pairs valide la transaction, celle-ci est enregistrée.
Car, nous gérons de plus en plus la République et ses valeurs comme des rentiers étriqués et apeurés. La démocratie du code n’est pas une technodictature, mais un processus permanent, modulable au fur et à mesure que l’équipe technique du projet fait évoluer un code, lui aussi en Open Source, c’est-à-dire à portée de vigilance de tous les Pairs […] »
Pour découvrir l’article en entier : lesechos.fr
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