Des cartes Magic du monde fiat aux NFT des cryptos

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À l’occasion d’une visite un week-end chez ma mère, j’ai retrouvé des cartes Magic The Gathering (jeu de cartes d’héroïque fantaisie) lesquelles traînaient dans ma chambre (inchangée après mon départ du cocon familial). En regardant ces cartes, j’ai eu la réflexion suivante « les cartes Magic c’était un peu les NFT de l’époque ». Si du point de vue technique, cette affirmation est erronée (les cartes ne sont pas uniques et le titre de propriété réside en la capacité de ne pas se les faire prendre physiquement…). En revanche d’un point de vue économique, les similitudes sont nombreuses, en effet il ne s’agit pas de biens de première nécessité, elles ne sont pas fongibles (sauf cartes identique ce qui représente peu de cas), il est possible de les collectionner et de les utiliser.

Or, ce dernier point est une des différences majeures des cartes Magic par rapport aux NFT et cela depuis le début, en effet il existe depuis la création de ces cartes un jeu associé ainsi qu’un univers complet (lore, bestiaire…).

Ainsi, l’utilité des cartes Magic The Gathering (ou d’autres cartes d’un genre comparable) était déterminée depuis le début, contrairement aux NFT de l’industrie crypto, Magic The Gathering est une industrie cohérente, planifiée (par des entrepreneurs)… Bref, bien plus complète que celles des NFT de la crypto, en plus de n’être que peu critiquée dans les médias.

Est-ce le régime monétaire qui est responsable de ce décalage, la stratégie consistant à innover d’abord et chercher l’application après, une saturation du marché force les nouveaux acteurs à foncer sans VRAI plan complet préalablement établi, l’effondrement écologique, les tensions géopolitiques…

D’ailleurs, quitte à vouloir reproduire des mécanismes de création de valeur artificielle comme dans l’art contemporain, l’art classique ou les reliques religieuses. Au moins, au préalable il faut « peser dans le game » !

Enfin, nous assistons peut-être tout simplement la fin d’une ère. L’industrie du divertissement et de ses « jolies images » à collectionner est peut-être finie, remplacée par d’autres enjeux plus en phase avec leur temps (pouvoir se chauffer en hiver, trouver des masques, ne pas en être réduit à manger des insectes…).

Ce parallèle pourrait servir aux fiatistes anti-crypto (et/ou anti-Bitcoin), or bien entendu nos génies hauts fonctionnaires, euro-députés et banquiers centraux préfèrent des arguments plus clés en mains (terrorisme, drogue, blanchiment, destruction de la planète…). Des arguments à la hauteur de leur compréhension « avancée » de l’industrie et de l’économie…

Ce parallèle pourrait également servir aux Bitcoiners maximalistes pour expliquer que cette industrie des NFT illustre bien le « mirage crypto », l’équivalent Bitcoin des NFT (rare pepe) relevant généralement de la private joke (« blague privée ») entre initiés.


A propos de l’auteur

Thomas Mang, ancien doctorant au CEA de Grenoble, est ingénieur en Photonique depuis 2017. Passionné par les technologies du numérique (l’impression 3D, Bitcoin), il s’y intéresse non pas à travers le prisme des « sciences dures » mais par les sciences humaines : l’histoire ou l’anthropologie.

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