En attendant la vidéo de la conférence sur les enjeux de Libra qui s’est déroulée lundi à l’Université Panthéon-Sorbonne (et lors de laquelle on aura beaucoup parlé de Bitcoin), voilà un petit extrait d’un échange entre Jean-Pierre Landau, ancien sous-gouverneur de la Banque de France et auteur du rapport au ministre de l’Économie sur les cryptomonnaies, et William O’Rorke, associé chez ORWL Avocats et représentant du pôle juridique de La Chaintech :
Jean-Pierre Landau : Tout ce qui est rare est cher. Un cheval bon marché c’est rare, donc un cheval bon marché c’est cher. Où est l’erreur logique ? Elle est évidemment dans la première partie : tout ce qui est rare n’est pas cher, tout ce qui est rare et demandé est cher. La question est de savoir combien de temps Bitcoin sera demandé, sachant qu’il ne sert à rien, même pas à payer […]. Si aujourd’hui j’avais du libra, j’ai une anticipation raisonnable que des centaines de millions de personnes qui vont l’accepter. Si j’ai aujourd’hui du bitcoin j’ai 800 000 personnes qui vont l’accepter. C’est donc très très différent du point de vue de la valeur intrinsèque. Ce qui fait la valeur d’une monnaie c’est l’espérance qu’on a qu’elle sera acceptée par d’autres en moyen de paiement […]. Et puis il y a une deuxième très grande différence c’est que Bitcoin n’est « backé » par rien tandis que Libra est « backé » par des actifs […].
William O’Rorke : Je ne peux pas vous laissez dire que Bitcoin ne repose sur rien […]. La promesse, la valeur de Bitcoin c’est que c’est le premier objet numérique rare, incensurable et décentralisé. C’est le fait que Bitcoin ne soit pas entre les mains d’un acteur centralisé étatique ou commercial qui fait sa valeur.
Jean-Pierre Landau : Nous devons tous une reconnaissance gigantesque à Bitcoin, parce que Bitcoin a créé une pression pour la modernisation des systèmes de paiement transfrontières qui n’aurait pas existée sans lui. Jamais SWIFT n’aurait bougé, jamais les grandes banques et les grands systèmes de paiement internationaux n’auraient annoncé les investissements nécessaires à l’amélioration des paiements transfrontières s’il n’y avait pas eu Bitcoin […]. Nous allons vivre, je pense dans cinq/dix ans, dans un monde de paiement transfrontières qui sera profondément différent de celui dans lequel on vit aujourd’hui, et ça c’est grâce à Bitcoin […]. Mais si je me lève ce matin et que je me demande si la BCE ou la FED seront toujours là dans cinquante ans, ma réponse est oui. Est-ce que dans cinquante ans il y aura toujours des gens qui entretiendront le protocole [Bitcoin], des mineurs qui voudront miner et 9000 nodes ?
La suite prochainement dans la vidéo de l’événement.