Quatre des six plus grandes banques de la zone euro sont françaises et leurs bilans additionnés représentaient plus de 2 fois et demie le PIB de la France. Ce gigantisme n’a pas que des effets positifs : le coût des services serait supérieur de 14,5% à la moyenne de l’eurozone et, sous la pression d’un tel lobby, les effets de l’ouverture européenne restent pour l’instant très limités. Pour le think-tank GenerationLibre, il n’y a rien à attendre du régulateur et seules les nouvelles technologies pourraient renverser la table.
« Alors que de nombreux pays se sont engagés dans une remise en question de la régulation financière, la France se distingue par un débat public sur l’encadrement des banques quasi inexistant. Les autorités et les banques ont réussi, malgré la crise, à convaincre l’opinion qu’une réforme du secteur bancaire n’était pas nécessaire. Mais ignorer ce débat est dangereux.
Qui sait en France que trois des six institutions financières les plus “systémiques” sont françaises ? Qui se soucie, dans le débat public, de la surveillance de ces mastodontes financiers ? Dans ce rapport, GenerationLibre entend contribuer à une prise de conscience de l’opinion sur l’oligopole des banques et émet des propositions pour rendre le système bancaire français plus vertueux.
L’oligopole bancaire français est dominé par quatre grands groupes financiers (BNPP, SG, CA, BPCE) dont le total de bilan représente trois fois le PIB. Nos banques sont devenues des colosses n’ayant plus rien à voir avec les banques françaises privatisées dans les années 1980 et dont les pratiques anticoncurrentielles nuisent au consommateur et à la croissance d’ensemble.
Bénéficiant du soutien implicite de l’Etat, l’oligopole bancaire est assis sur deux rentes pérennes et considérables. La première est alimentée par la garantie publique implicite dont les grandes banques bénéficient sur leurs sources de financement. Cette subvention implicite permet aux banques d’échapper à un “repricing” du risque bancaire et fait porter le coût de ce “business model” aux contribuables. La seconde, directement préjudiciable pour le consommateur, relève des mécanismes de sur-tarification des clients captifs : en France, un panier de service moyen bancaire est supérieur de 14,5% à la moyenne européenne.
Ce gigantisme bancaire, loin d’être le fruit du hasard, est celui de décisions publiques. La connivence entre les milieux bancaires et les autorités chargées de les surveiller est malsaine et porteuse de conflits d’intérêt. L’oligopole français a véritablement “capturé” et phagocyté le régulateur. Générateur de profits privés importants en haut de cycle, ce gigantisme peut, par ailleurs, induire des coûts collectifs énormes en cas de crises. Rien ne justifie la pérennité d’un tel système.«
A lire : « Casser la rente bancaire française », rapport du think tank GenerationLibre.