Blockchain: Orange in the full black

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L’Usine Digitale publie une tribune du CTO d’ORANGE Business Service, Philippe Ensarguet « La 3e génération de Blockchain ouvre la voie à un usage pour les entreprises » ; le titre interpelle, que serait donc cette 3e génération ? Pour tout connaisseur du sujet, cette tribune (pubi-information sous forme d’interview) s’avère vite être une classique brume résiduelle de l’enfumage blockchain soufflé en 2015 par la tristement célèbre Blythe Master.

M. Ensarguet attribue allègrement aux blockchains permissionnées les qualités des blockchains publiques par un tour de passe passe dont la ficelle est aussi grosse qu’un boot d’amarrage de super tanker : « les données, une fois stockées dans la blockchain, ne peuvent être ni modifiées ni altérées » dit-il. Oui, c’est vrai dans le protocole Bitcoin et autres Ethereum, ça n’est certainement pas une caractéristique à laquelle des protocoles fermés comme Hyperledger peuvent prétendre. Dès lors, on pourrait opposer au CTO d’Orange que pour l’essentiel, les cas qu’il nous cite peuvent être traités par une base de données distribuée plutôt qu’une blockchain.

Le fait que ce CTO ne comprenne pas que ce qu’a initié Bitcoin n’est pas la révolution « blockchain », mais la révolution de la décentralisation le conduit à régurgiter une bouillie de blocks mal digérée, c’est dommage mais suffisamment commun pour ne pas attirer l’attention.

Non, ce qui ne passe pas, c’est cette phrase : L’autre enjeu pour l’écosystème, est la prise en compte de l’impact environnemental. La blockchain a une réputation sulfureuse en la matière, le minage des bitcoins étant fortement décrié (à juste titre).

Depuis quand et à quel titre un industriel exprime-t-il publiquement ses jugements de valeur sur un autre secteur industriel que le sien ?

Les filières automobile, plastique, pétrole, tabac, charbon, or, médicament ou BTP souffrent-elles les critiques de la direction d’Orange ?

Imagine-t-on un Chief Technical Officer d’une de ces branches dénoncer dans un média la « réputation sulfureuse à juste titre » des opérateurs télécom, les vagues de suicides, les cancers dits « du transformateur », ou les dangers des antennes ?

En évoquant « la réputation sulfureuse de LA blockchain », le représentant d’Orange se fait le porte-voix d’une sorte de rumeur ou de légende urbaine, du style tu fais cuire un œuf entre deux smartphones et il y apporte sa caution de CTO d’Orange, en affirmant que le minage est décrié « à juste titre ».

A la rigueur, M. Ensarguet pourrait dénoncer l’entreprise de mining bitcoin ZiPoluZemsa qui mine sur d’antédiluviennes centrales au pétrole ; non, là c’est « le mining » dans son ensemble qu’il condamne.

Un mining qui en réalité se nourrit pour l’essentiel des surplus de l‘hydroélectricité, c’est-à-dire d’une électricité qui est là, disponible, mais qui ne peut être vendue, faute de demande. La condamnation sans appel du mining par le CTO d’Orange Business est donc non seulement malvenue du fait de sa position (devoir de réserve), mais infondée.

Heureusement, l’auteur compense par un style amusant et on ne peut qu’être admiratif devant certaines de ses formules, appelées sans doute à rester gravées au fronton de la Novlang illectronique nationale, section Nakamoto. Gaffe, ça secoue :

« Un projet de blockchain est avant tout un projet de digitalisation » – « La blockchain peut être un des maillons des propriétés vertes de la tech ». Bim. Ça peut vous faire le Week-End…

PS : J’invite avec plaisir Philippe Ensarguet à me contacter pour venir travailler le sujet blockchains avec nous, il trouvera au sein des associations du secteur des cryptomonnaies des interlocuteurs compétents et dévoués.

Sébastien Gouspillou.
CEO de BigBlock DataCenter
Entreprise membre du Cercle du Coin