Jamais les bitcoins n’ont été aussi populaires qu’en cette période de crise chypriote. Pour certains, cette monnaie dématérialisée devient une nouvelle valeur refuge. Un pas de plus sur le chemin de la normalisation de ce moyen de paiement ?
Source : www.france24.com
La crise chypriote et la taxation des comptes bancaires sur l’île font-elles les affaires des défenseurs de la monnaie dématérialisée bitcoin ? Tout ou presque semble l’indiquer. Depuis le début de l’année, l’intérêt pour ce moyen de paiement alternatif connaît une envolée impressionnante. Un bitcoin vaut actuellement 104 dollars contre environ 20 dollars début février. La demande pour les 11 millions de bitcoins actuellement en circulation explose, donc, littéralement.
Mais ce n’est pas le seul indice. Le téléchargement d’applications sur smartphone pour suivre les cours de cette monnaie dans des pays en proie à d’importants problèmes économiques comme l’Italie ou l’Espagne a connu une forte croissance. Parmi elles, Bitcoin Ticker est devenu, le 18 mars, la 52e application la plus populaire sur iPhone en Espagne. La veille, elle végétait encore en 526e position, rappelle le site américain spécialisé dans les technologies mobiles BGR. D’autres concurrents à Bitcoin Ticker ont également connu une trajectoire similaire.
Autant de preuves que « des Européens cherchent actuellement une alternative aux banques et à l’euro pour leurs économies”, soutient à la chaîne d’information américaine CNBC Christopher Vecchio, un analyste américain pour le site financier DailyFX. La ruée vers cet or virtuel serait due au choc ressenti par les épargnants après l’annonce du plan de sauvetage de Chypre, qui comporte une taxe sur les comptes bancaires. “On note que la hausse de l’intérêt pour les bitcoins vient de pays comme la Grèce ou l’Espagne où le risque de voir la mise en place d’une sorte de contrôle des capitaux est probablement le plus fort”, souligne Nicholas Colas, un analyste pour la société américaine de conseils ConvergEx Group, dans une récente note consacrée à la montée en puissance de cette monnaie.
Offre de bitcoins divisée par deux
“C’est sûr que le bitcoin comme moyen de paiement alternatif est en train de gagner en popularité”, confirme à FRANCE 24 Pierre Noizat, co-fondateur de Paymium, une société française spécialisée dans les moyens de paiement par Internet. Pour lui, la crise chypriote “a amené des gens à réfléchir au fonctionnement monopolistique d’un système monétaire comme l’euro où il n’y a pas d’alternative”. Il est alors normal, d’après Pierre Noizat, que face aux turbulences qui secouent la monnaie unique, ces personnes cherchent à trouver une autre valeur refuge – un peu comme l’or – qui pourrait être bitcoin.
Mais cet expert souligne que la crise chypriote et la crainte de petits épargnants ayant perdu confiance dans le système bancaire européen n’expliquent pas tout. “Il ne faut pas oublier qu’en décembre 2012, le nombre de nouveaux bitcoins mis en circulation toutes les dix minutes a été divisé par deux et ne s’élève plus qu’à 25”, rappelle Pierre Noizat.
Rétrécissement de l’offre et gain de popularité notamment grâce à la crise chypriote : voilà l’équation gagnante pour ce mode paiement alternatif. Cette baisse des nouveaux bitcoins mis en circulation a été voulue dès la création du système en 2009 : tous les quatre ans, le nombre de ces pièces de monnaie virtuelles émises toutes les dix minutes doit être divisé par deux afin d’atteindre un maximum de 21 millions de bitcoins en circulation en 2140. Une limite haute qui aurait été fixée “arbitrairement” par le créateur de cette monnaie, Satoshi Nakamoto.*
Si la crise chypriote fait le beurre et l’argent du beurre de bitcoin actuellement, ce moyen de paiement dématérialisé a pour l’heure de sérieuses limites. Il n’est, ainsi, pas encore possible de payer sa baguette ou son journal grâce à cette monnaie. “Bitcoin n’est, en effet, pas encore prêt à être utilisé dans la vie courante parce que les commerçants n’ont pas encore franchi le pas”, reconnaît Pierre Noizat.
Des criminels aux boulangers ?
Bitcoin est aussi soupçonné d’être un moyen de paiement qui sied parfaitement aux transactions illégales. C’est un système décentralisé – sans aucune autorité de surveillance – et les transactions peuvent se faire de manière totalement anonyme, ce qui “peut logiquement attirer les terroristes, trafiquants en tout genre et autres criminels qui y voient un moyen commode de contourner les obligations de déclaration des établissements bancaires”, notait ainsi en avril 2012 le FBI dans un rapport disponible en ligne.
Mais plusieurs indices montrent que cette monnaie dématérialisée est en voie de normalisation. Des sites réputés comme la plateforme de création de blog WordPress ou le portail d’échange et de commentaires de liens Reddit acceptent des paiements en bitcoins. En mars 2013, une société informatique finlandaise – SC5 – a même proposé à ses employés d’être payés “en partie” en bitcoins.
* Satoshi Nakomoto est en fait le pseudonyme de l’auteur ou même des auteurs de l’article fondateur du système bitcoin. La véritable identité de la personne ou du groupe qui a créé ce moyen de paiement dématérialisé n’a jamais été rendu public.
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