« Le cours de la monnaie électronique Bitcoin flambe.
Le 20 février dernier, un article de Mickaël Mithra intitulé Bitcoin: la révolution monétaire en marche nous présentait en détail cette monnaie électronique ouverte, indépendante, et non centralisée. Le 6 mars Darius Saclay développait quelques aspects problématiques de la montée en puissance de cette monnaie dont les transactions sont normalement anonymes et irréversibles.
Un évènement majeur pour les amateurs de Bitcoins a lieu en ce moment: Ces derniers jours la valeur d’échange du Bitcoin est passée de 35 à 55€ sur les principaux sites d’échanges, du jamais vu depuis le lancement du système en 2009. Cette fois-ci, il semblerait que la spéculation autour de Bitcoin (ou le refuge ?) soit en train d’ancrer définitivement cette devise électronique dans l’économie « matérielle ». Voici un petit tour d’horizon de la situation.
Une monnaie à l’actualité mouvementée
Depuis quelques temps, l’intérêt des médias pour Bitcoin, encore insignifiant il y a un an, ne cesse de croître. Après la nouvelle il y a quelques semaines de son acceptation par WordPress en novembre 2012 puis par le très populaire site Mega du cyber-gourou des téléchargeurs (et cyber-escroc) Kim Schmitz, le système Bitcoin connait un regain d’attention médiatique suite au bug de version qui paralysa les transactions sur les principaux sites d’échange les 12 et 13 mars. Mahttps://blog.gandi.net/post.php?id=726189#is ce sont là des nouvelles toutes liées directement à l’actualité d’Internet, du système Bitcoin et de ses bugs et ratés, qui influencent le cours de la monnaie virtuelle depuis sa création (l’adjectif « virtuel » apparaît dans une note du FinCEN américain publiée le 18 mars 2013, qui semble s’intéresser de près à cet OVNI monétaire réputé échapper aux influences des gouvernements, banques centrales etc).
Mais les actualités sont de plus en plus sérieuses. Ainsi Forbes annonce au début du mois la création d’un Hedge Fund maltais investissant dans (/spéculant sur) les Bitcoins. Et la soudaine envolée du cours du Bitcoin serait du à un refuge massif des Espagnols (au vu de l’actualité chypriote c’est très compréhensible) vers la monnaie virtuelle, comme le rapportent entre autres les Deutsche Wirtschaftsnachrichten.
Il semblerait donc qu’un marché financier des Bitcoins se développe, et que la plus populaire des monnaies dématérialisées soit bel et bien en train de s’ancrer dans, et de commencer à influencer l’économie « visible » et à être influencée par elle. Bien que le temps où les Bitcoins servaient principalement à acheter de la drogue sur Silkroad et à avoir l’air Hype dans un café alternatif soit déjà loin, c’est une nouvelle dimension de Bitcoin qui émerge au grand jour, et auprès du grand public.
Refuge ou spéculation ?
Bloomberg View commente la situation avec humour (« Worried your government is going to take your savings? There’s an app for that. ») mais cite un rapport de la banque centrale européenne de 2012 (Virtual Currency Schemes) dans lequel l’auteur s’inquiète de l’impact négatif de Bitcoin (une des deux monnaies électroniques analysées) sur les banques centrales en particulier en des temps de crise monétaire. La même année, un propriétaire de restaurant grec qui accepte les bitcoins comme paiement disait avoir pris cette décision par méfiance et rancune envers les banques (cité par Die Welt le 6 avril 2012).
Comme les deux articles cités en en-tête l’expliquent remarquablement, les caractéristiques de Bitcoin, notamment la quantité limitée et la difficulté de production font plus ressembler le système à une valeur du type métal précieux qu’à une monnaie courante. La stabilité et la valeur de la monnaie peuvent chuter du jour au lendemain si une faille informatique ou mathématique est trouvée (par exemple crack d’un des algorithmes de chiffrement, un des plus performants qui existe), ou si un « casse virtuel » a lieu sur un gros site d’échange (l’anonymité et l’irréversibilité des transactions en font une cible idéale en théorie pour les malfrats).
A court terme, Bitcoin est une valeur qui peut encore beaucoup s’apprécier, mais qui reste très fragile. De plus cela ne contribue pas forcément à en faire une monnaie populaire pour le commerce quotidien. Comme le disait Paul Krugman sur son blog du New York Times (référence honteusement pompée sur Wikipédia et dont on se passerait presque vu le contexte en Europe), une bonne monnaie n’est pas une valeur d’investissement pour l’enrichissement de ceux qui la détiennent mais un outil qui doit permettre le développement de l’économie et la création de richesse pour tous. »
Source : agoravox.fr