Bitcoin pourrait-il révolutionner la notion de copyright ?

Cyril Fiévet, ingénieur, journaliste et auteur, s’est intéressé à cette question sur son blog comprendrebitcoin.com :

Bitcoin est une monnaie, mais c’est aussi un protocole, caractérisé par un registre décentralisé et partagé, la chaîne de blocs. Cette chaîne de blocs, librement consultable, contient de façon cryptée toutes les données nécessaires à reconstituer l’intégralité des transactions Bitcoin. Mais rien n’oblige ces transactions à porter sur des échanges financiers. Une transaction Bitcoin est avant tout un échange de données numériques entre deux ordinateurs, cet échange étant dûment validé et inscrit dans un fichier public partagé, ultérieurement consultable par tous, depuis n’importe où.

De fait, un usage possible de Bitcoin est la création de registres servant à valider tous types de documents, à prouver l’antériorité ou la paternité d’un ensemble de données, ou à identifier des personnes et des biens.

Beaucoup de gens estiment qu’il y a en la matière un outil d’une puissance inégalée. Certains pensent même que l’ensemble de l’Internet pourrait être redéfini, ou restructuré, sur la base du principe de chaîne de blocs (c’est d’ailleurs bien l’intention de certains créateurs de monnaies alternatives inspirées de Bitcoin).

Concrètement, tout internaute pourrait stocker de façon sécurisée les données définissant son identité numérique dans la chaine de blocs Bitcoin, devenant un moyen universel pour s’enregistrer quelque part ou prouver son identité. Le stockage de données diverses, la certification de documents officiels, voire la notion même de copyright pourraient être radicalement transformés par le principe de chaîne de blocs.

De nombreux projets plus ou moins avancés vont dans ce sens. Par exemple, Blockstore est un outil permettant de stocker des noms dans la chaîne de blocs Bitcoin et de leur associer des données de façon sécurisée. Par la suite, n’importe qui peut effectuer des recherches sur ces noms, et obtenir les données correspondantes (détails ici). Autre service en cours d’élaboration, iNation envisage de permettre à tout internaute de stocker dans la blockchain tous ses documents officiels – passeport, certificat de naissance, contrat de marriage, etc. Proof of existence sert, lui, à protéger tout type de document en en certifiant la paternité via Bitcoin, tandis que Blocksign permet la signature officielle d’un contrat ou d’un accord entre plusieurs personnes, le processus d’authentification étant validé et sécurisé avec Bitcoin.

Plusieurs projets similaires, parfois plus complexes (smart contracts ou colored coins, par exemple), sont en gestation, et tous tirent parti de l’un des principes clés qui préside au fonctionnement de Bitcoin : la non nécessité d’un tiers de confiance. Validation et sécurisation des échanges s’effectuent par consensus, via le protocole Bitcoin, qui gère tout aussi parfaitement des échanges financiers que tout autre type de transactions.

Tout cela demeure embryonnaire, mais il me paraît très probable que bon nombre des applications et services rendus possibles par Bitcoin ne seront pas de nature financière, mais conduiront à transformer les notions même de validation, de certification, et d’identification, par le biais de protocoles sécurisés, décentralisés et universels s’appuyant sur la chaîne de blocs Bitcoin.


 

A propos de l’auteur

Cyril Fiévet, ingénieur, journaliste et auteur, couvre depuis une vingtaine d’années les technologies innovantes, les tendances émergentes et leur impact sur la société.

Après avoir annoncé l’avènement d’internet dès 1995, puis publié le « Que sais-je ? » sur les robots et le tout premier livre en français expliquant le phénomène des blogs (récompensé par le « Trophée de l’économie numérique » en 2004), il a publié en 2013 « Body Hacking », décrivant la fusion attendue de l’humain et de la machine.

« Comprendre Bitcoin et les crypto-monnaies alternatives » est son septième livre et son premier ebook.

Actuellement responsable des pages actualités du magazine mensuel de vulgarisation scientifique « Comment ça marche ? » et de la rubrique sur l’avenir des technologies dans la revue « We Demain », il est également membre de l’agence de presse suisse ATCNA et contribue régulièrement à plusieurs magazines print et Web.

Il a également lancé début 2015 le site d’information Crypto.direct, en anglais, fournissant des actualités quotidiennes sur l’usage de Bitcoin et des crypto-monnaies ainsi que le blog en français comprendrebitcoin.com.