Laurent Pinsolle, délégué National à l’économie et au budget de Debout la République, le parti de Nicolas Dupont-Aignan, vient de publier sur Agoravox, un article intitulé : « Bitcoin chez Monoprix : de la fausse monnaie qu’il faut interdire ! ». En voilà quelques morceaux choisis qui ne laisseront sans doute pas les lecteurs de bitcoin.fr dans l’indifférence.
« Il y a quelque chose de fascinant avec bitcoin. Peut-être parce que certains y voient une innovation symbole de la modernité et de notre avenir, ils n’arrivent pas à voir la réalité de ce qu’est ce phénomène de foire dont on parle tant. D’où le fait qu’une partie d’entre eux arrivent même à imaginer que notre avenir sera rempli de différentes monnaies, souvent émises par des entreprises technologiques étasuniennes, comme Google ou Facebook. Avec des citoyens qui ont une opinion souvent très mauvaise de leurs gouvernements et de l’Etat, cette idée peut apparaître comme une évolution moderne et logique de nos sociétés, une nouvelle possibilité offerte par la technologie, qui pourrait même faciliter notre vie.
Mais cette interprétation de l’histoire repose sur une méconnaissance de l’histoire monétaire, rappelée par The Economist dans un papier sur les conséquences des crises financières. En effet, les grands pays n’ont pas toujours fonctionné avec une monnaie centrale (fût-elle partagée avec d’autres pays). Par exemple, les Etats-Unis ont expérimenté, à partir du début du 19ème siècle, une période d’anarchie monétaire où chaque banque pouvait émettre son propre dollar, le système dit de « la banque libre ». Mais la grande instabilité de ce système et les nombreuses crises financières qui l’accompagnèrent, poussa les banques à mettre en place en 1913 la troisième banque centrale des Etats-Unis, la Fed, garantissant une seule monnaie, le dollar, et qui joue toujours un rôle comparable aujourd’hui. […]
En réalité, l’émergence du bitcoin est un formidable retour en arrière, un oubli des leçons du passé, outre une profonde escroquerie. Car le statut du bitcoin n’est pas clair. Pour certains, y compris des investisseurs, il s’apparente à une forme de placement. Mais ce n’en est pas un dans la mesure où il ne s’agit ni d’une action d’une entreprise qui a des revenus et dégage du profit, ni d’une créance qu’un débiteur doit payer. Pour d’autres, il s’agit donc d’une nouvelle forme de monnaie. Mais chaque monnaie repose sur un Etat et en général une banque centrale. La valeur de la monnaie repose sur les actifs de l’Etat et de sa capacité à lever des impôts dans la durée. Et quelle monnaie verrait son cours fluctuer d’une manière aussi délirante dans le temps, décuplant en valeur en 2013 avant de s’effondrer.
Rien de cela ici. En fait, les bitcoins sont des billets de Monopoly qui auraient fini par prendre de la valeur sans pour autant reposer sur quoique ce soit de concrets. Il y a quelque chose de fascinant à constater qu’aujourd’hui, beaucoup, y compris parmi les plus intelligents, finissent par prendre des billets de jeux de société pour de la vraie monnaie ! Le discours technique autour de ce phénomène n’est qu’un leurre. Il s’agit tout bonnement de fausse monnaie et il est incroyable qu’elle finisse par commencer à être acceptée et que les gouvernements laissent faire sans même réfléchir au fait qu’un tel précédent autorise de facto n’importe qui à créer sa monnaie pour devenir riche à l’avenir.
Il est temps d’agir, rapidement. Non pas pour faciliter l’usage des bitcoins dans les commerces, mais bien au contraire pour interdire toute utilisation ou même achat de bitcoin dans notre pays car il s’agit purement et simplement de fausse monnaie qui mine un fondement mal compris de nos sociétés : la monnaie. »
Source : agoravox.fr