Selon l’agence de presse Reuters, IBM envisage de s’inspirer de la blockchain Bitcoin pour créer son propre système de paiement.
Les contours du projet sont encore flous. Selon la source (restée secrète) de l’agence, il s’agirait de construire une infrastructure qui utiliserait les caractéristiques de la blockchain pour faire de la compensation bancaire à moindre coût. La société aurait déjà, à cette fin, contacté et discuté avec un certain nombre de banques centrales, y compris la Réserve Fédérale Américaine.
IBM n’aurait malheureusement pas l’intention d’utiliser la blockchain Bitcoin malgré ses qualités*, mais un nouveau registre partagé qui restera probablement, d’une manière ou d’une autre, sous le contrôle de la multinationale et des banques centrales.
Source : reuters.com
Réaction de Patrice Bernard, consultant associé et responsable de l’offre innovation de Conix, sur son blog C’est pas mon idée :
« Voilà donc Big Blue s’embarquant dans une entreprise de séduction massive, quitte à dénaturer les concepts dont il s’empare pour mieux s’accommoder des réticences des banques centrales. Et de proposer à ces dernières une crypto-devise qui a la couleur et le goût du bitcoin, mais sans ses dangers. Concrètement, l’idée proposée est de mettre en place un système de gestion des monnaies existantes sur un système de « blockchain » centralisé (?!), déployé et administré par IBM (naturellement).
Quelle absurdité ! La « blockchain » est une sorte de livre comptable électronique, conservant une trace permanente des transactions exécutées. La seule caractéristique qui en fait une innovation révolutionnaire – dans la mise en œuvre du bitcoin – est son caractère décentralisé. C’est le fait qu’une multitude d’intervenants différents, indépendants les uns des autres, conservent les informations en parallèle qui en garantit l’intégrité et la sécurité. Gérée en un point unique, il ne s’agit plus que d’une tenue de compte banale à mourir, avec ses risques inhérents de piratage, par exemple.
La nature de la crypto-devise semble toujours difficile à appréhender dans les milieux financiers et technologiques traditionnels. D’ailleurs, IBM n’est pas le seul à se tromper dans ses jugements. Un rapport de Crédit Suisse sur le bitcoin – qui reconnaît tout de même que la décentralisation est son atout majeur – est ainsi prompt à considérer que l’absence d’une autorité centrale de contrôle lui interdit de bénéficier de la confiance indispensable à un fonctionnement économique fiable et sûr. Une perception qui mériterait d’être confrontée aux nouvelles réalités du monde numérique… »
* La blockchain Bitcoin est :
– neutre et universelle : elle n’appartient à personne et n’est sous le contrôle d’aucune entité centralisée ;
– puissante : le réseau des mineurs de bitcoins, qui garantissent la sécurité du système, est de très loin le plus puissant du genre.
– Fonctionnelle : le système fonctionne depuis plus de six ans et le nombre de transactions qu’il support ne cesse d’augmenter.