Depuis qu’il a dépassé les 50 000$, le bitcoin est partout. Sur France Culture, j’ai entendu que « tout le monde achète du bitcoin, sans autre raison que la spéculation, puisque personne ne sait ce qu’est le bitcoin ». Dans Charlie Hebdo, j’ai lu que le bitcoin était « une monnaie inutile ». Et ce n’est que quelques exemples parmi tant d’autres. Selon une majorité de la presse francophone, le bitcoin ne sert à rien. Mais qu’en est-il vraiment ? Quelques recherches permettent de se faire une petite idée sur la question.
Le bitcoin ne sert à rien. Sauf si vous souhaitez envoyer de l’argent à l’étranger. De nombreuses diasporas utilisent ainsi des bitcoins pour les transferts internationaux. Elles évitent ainsi les frais prohibitifs, jusqu’à 15% (!), des acteurs historiques (Western Union, …). En plus d’être beaucoup moins chers, ces transferts sont également beaucoup plus rapides.
Le bitcoin ne sert à rien. Sauf si vous souhaitez protéger votre épargne de l’inflation. Avec la dévaluation du pesos et les restrictions d’achats de dollars, les argentins se tournent de plus en plus vers le bitcoin. Pour le magazine Forbes, Buenos Aires est même la deuxième ville du monde où il est le plus utilisé. C’est également le cas au Nigéria, où des entrepreneurs utilisent des bitcoins à la place du dollar pour se protéger de l’inflation et effectuer des transferts internationaux.
Le bitcoin ne sert à rien. Sauf si vous souhaitez garder le contrôle de votre argent. La résistance à la censure est un atout majeur du protocole Bitcoin. En octobre 2020, le mouvement feministcoalition qui luttait contre les violences policières au Nigéria a vu ses comptes bancaires suspendus par le gouvernement. Ses membres ont directement créé un portefeuille Bitcoin pour pouvoir continuer à recevoir des dons. Le mouvement russe d’Alexei Navalny accepte également les dons en bitcoin depuis 2016. Leonid Volkov, en charge de sa campagne, a même déclaré que c’est une « alternative [qui] nous aide à nous défendre contre les autorités russes ».
Le bitcoin ne sert à rien. Sauf si vous souhaitez permettre à toute l’humanité d’accéder à des services financiers modernes. En 2017, 1,7 milliard de personnes n’avaient pas de compte bancaire d’après la Banque Mondiale. Par sa nature, Bitcoin permet à chacun de bénéficier gratuitement de services financiers modernes (du paiement en ligne, de l’épargne, …). Il suffit d’une connexion à Internet. C’est peut-être pour cette raison que les échanges explosent en Afrique ?
Alors oui, peut-être que n’avez pas besoin d’envoyer de l’argent à l’étranger, de protéger votre épargne de l’inflation, ou de garder le contrôle de votre argent. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde.
En fait, le bitcoin ne sert à rien. Sauf si vous souhaitez voir émerger un nouveau système économique et financier. Un système plus ouvert, plus transparent, et qui protège les libertés individuelles. Un système qui inclut l’ensemble de l’humanité. Alex Gladstein, le directeur de la stratégie de l’ONG Human Rights Foundation, a déclaré récemment que « pour des millions de personnes dans le monde, [Bitcoin] est une trappe de secours contre la tyrannie. Ce n’est rien de moins que la monnaie de la liberté » . S’arrêter aux classiques « bitcoin, la nouvelle pyramide de Ponzi » et « bitcoin, la monnaie sans intérêt qui détruit la planète » est bien dommage. Parce qu’autour du bitcoin et des cryptomonnaies, il y a des enjeux de société et de souveraineté qui sont beaucoup plus intéressants.
A propos de L’auteur
Ingénieur de formation et développeur en freelance, Théo Poizat est l’un des trois cofondateurs de Botcrypto, la plateforme web qui permet de créer ses propres bots de trading de bitcoins et de cryptomonnaies sans connaissances techniques.
En savoir plus : botcrypto.io
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