Traduction d’un article de Martin Hagelstrom, « Bitcoin enthousiast » et chef de projet chez IBM : Il existe d’innombrables articles décrivant ce qu’est une blockchain, et en particulier ce qu’est une blockchain privée […]. Je n’essayerai pas de donner une nouvelle définition [mais de prouver] que les blockchains privées ont du sens, et cela même si je me considère comme un « Bitcoiner maximaliste ». Pour cela je vais répondre aux principaux arguments qu’on ne manquera pas de m’opposer :
« Les blockchains privées ne sont pas aussi sûres que la blockchain Bitcoin »
Bien sûr, et alors, quel est le problème ? Ne vous est-il jamais venu à l’esprit que le niveau de sécurité requis pour un réseau ouvert et anonyme n’est pas forcément le même pour un réseau dans lequel tous les participants sont connus et entre lesquels règne un certain degré de confiance ?
« On a besoin d’un token pour inciter les mineurs à sécuriser le réseau »
Bien sûr, mais seulement si vous souhaitez utiliser le proof-of-work. Lorsque les transactions ne sont pas anonymes, on préférera vraisemblablement un mécanisme de consensus plus léger. La seule chose qui compte c’est de conserver la cohérence des données entre les nœuds et de pouvoir détecter quelqu’un qui ne respecte pas les règles. Avec Bitcoin, les mineurs ont besoin d’une récompense pour les inciter à investir des ressources de calcul. Ils ne savent pas qui effectue les transactions qu’ils valident et qui en bénéficie. Dans le cas d’une blockchain privée, les participants sont motivés par un objectif de réduction des coûts qui les incite à jouer leur rôle dans le réseau.
«Il n’y a pas d’immuabilité réelle sans preuve de travail»
Nous sommes d’accord à nouveau. Mais […] si le regroupement de données en blocs et le chaînage par hashes permet de détecter et d’identifier ceux qui tentent de changer l’historique, est-ce que ce n’est pas suffisant ? Rappelez-vous que nous ne parlons pas de membres anonymes, et les choses pourraient être encore plus faciles si les participants sont liés par un contrat qui prévoit des sanctions en cas de triche.
« La plupart des cas d’usage pourraient se contenter d’une base de données traditionnelles »
Technologiquement parlant, c’est probable. Mais la gouvernance est une question délicate dans les projets qui rassemblent différentes organisations. La mise en place d’une base de données traditionnelle, même distribuée, signifie que les organisations doivent s’entendre sur :
– qui sera le propriétaire des données ;
– quelle autorité centrale sera habilitée à modifier ou à supprimer ces données ;
– qui possédera la couche d’application qui […] valide les transactions enregistrées.
Bonne chance ! Un registre décentralisé dont tout le monde possède une version et dans lequel on ne peut ajouter que des données validées par le reste des membres du réseau, ça peut simplifier bien des choses.
« Cette technologie n’est pas très intéressante »
Soit, mais les grandes entreprises ne mettent pas en œuvre de nouvelles technologies parce qu’elles sont « cool » ou « intéressantes ». Quand elles investissent c’est pour gagner en efficacité. Si l’exécution d’une blockchain multi-entreprises peut les aider à réduire les étapes, les interventions manuelles, les coûts et les risques, ou même créer de nouveaux flux de revenus, ça leur suffit. Leur principal devoir envers leurs actionnaires ce n’est pas d’avoir la technologie la plus novatrice, c’est d’améliorer leurs résultats.
« Pensez-vous réellement que les blockchains privées sont aussi révolutionnaires et disruptives que Bitcoin? »
Définitivement non. Mais, comme je l’ai déjà dit, si nous pouvons réaliser des gains d’efficience ou un retour d’investissement intéressant, elles seront très attrayantes pour les entreprises. En attendant, nous pouvons tous approfondir ces technologies, tester de nouvelles fonctionnalités et développer des écosystèmes. Sait-on jamais, certains de ces développements, directement ou indirectement, pourraient même bénéficier à Bitcoin !