MasterCard passe à l’offensive

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Les mastodontes du paiement sont peu bavards quand il s’agit de Bitcoin. Est-ce parce que le phénomène leur parait insignifiant ? Est-ce pour ne pas prendre le risque d’une comparaison ? Toujours est-il que, interrogé par un comité sénatorial australien, un haut responsable de MasterCard s’est exprimé officiellement le 27 novembre dernier à propos des monnaies numériques, et en particulier Bitcoin, « la monnaie numérique prédominante ».

Extraits d’un courrier d’Eddie Grabler, président de la division australienne de MasterCard à Kathleen Dermody, secrétaire de la commission économique du Sénat australien, en réponse à une requête datée du 14 octobre 2014 l’invitant à participer, au nom de MasterCard, à une enquête sénatoriale sur les devises numériques.

27 novembre 2014

« MasterCard apprécie l’occasion de fournir des commentaires sur les monnaies numériques (également appelées monnaies virtuelles, ou crypto-monnaies, ou encore monnaies électroniques). […]

MasterCard est une société technologique œuvrant dans l’industrie mondiale des paiements. Nous exerçons nos activités dans le monde entier et fournissons un réseau de traitement des paiements à l’usage des consommateurs, des institutions financières, des commerçants, des gouvernements et des entreprises dans plus de 210 pays et territoires. […]

Nous estimons que tous les systèmes de paiement qui offrent aux consommateurs des services similaires aux nôtres devraient être réglementés […]. La protection du consommateur, la lutte contre le blanchiment, la lutte contre le financement du terrorisme et la stabilité du système financier devrait régir toute réglementation des paiements électroniques – y compris les monnaies numériques. […]

[Nous appelerons] monnaie numérique tout type d’unité numérique qui est utilisé comme un moyen d’échange sans posséder tous les attributs de la monnaie réelle tout en étant convertible en une valeur équivalente en monnaie réelle […] comme par exemple Bitcoin (la monnaie numérique prédominante) et Ripple. […]

Actuellement, si un consommateur utilise une monnaie numérique pour effectuer un achat en ligne et que le marchand ne lui délivre pas la marchandise, le consommateur reste sans aucun recours. De même, si l’appareil contenant les devises numériques est perdu ou volé, les fonds peuvent être perdus à jamais.

En outre, les monnaies numériques peuvent être très volatiles. Par exemple, en 2014, le prix du bitcoin a fluctué de façon significative. Cela peut être attribué à un certain nombre de facteurs tels que l’investissement spéculatif, les failles de sécurité, le manque de liquidité, et l’incertitude de la valeur à long terme. Ces fluctuations de prix peuvent entraîner des pertes importantes pour les consommateurs et limiter l’utilité des devises numériques comme un moyen de paiement fiable. […]

Tout règlement adopté en Australie devrait prendre en considération l’anonymat que les monnaies numériques fournissent à chaque partie dans une transaction. Contrairement aux transactions effectuées avec MasterCard, l’anonymat des transactions en devises numériques facilite l’achat de biens ou de services illégaux ; le blanchiment d’argent ; le financement du terrorisme […]

Comme nous l’avons appris des déboires de l’échange Mt. Gox, l’existence d’une « chaîne de blocs » ne facilite pas l’application de la loi et le travail des autorités gouvernementales pour identifier l’identité réelle des protagonistes d’une transaction en monnaie numérique.

Manque d’un tiers de confiance : Lors des transactions en monnaie numérique il y a pas de banque, d’administrateur ou de régulateur […] cela signifie que les consommateurs n’ont aucun recours si une monnaie numérique perd sa valeur ou si le système fait faillite.

Les défis décrits ci-dessus ont conduit un certain nombre de gouvernements à prendre des mesures sur les monnaies numériques :

En Juin 2014, l’Autorité bancaire européenne (ABE) a identifié environ soixante-dix risques associés aux devises numériques […] L’ABE a donc recommandé que les autorités de contrôle nationales découragent les établissements de crédit, les établissements de paiement et établissements de monnaie électronique d’acheter, de détenir et de vendre des devises numériques.

En outre, la Russie considère les devises numériques comme un substitut monétaire illégal et prévoit d’adopter une loi en 2015 qui interdirait les monnaies numériques. L’Inde et la Chine ont interdit aux institutions financières de traiter les transactions en devises numériques. […]

Suggestions pour un système réglementaire efficace : […]

• Exiger que toutes les transactions passent par des administrateurs réglementés et transparents soumis à la surveillance des autorités australiennes (plutôt que simplement le processus de la chaîne de bloc actuel) ;

• Octroyer des licences […] avec des obligations concernant la connaissance du client (KYC), la lutte contre le blanchiment et la cyber-criminalité ;

• Protéger le consommateur [rendre obligatoire la réversibilité des transactions].

Nous apprécions d’avoir eu l’occasion de faire cette présentation, et nous serions heureux de continuer à nous engager auprès du Comité […]

Cordialement,

Eddie Grabler

Président division australienne de MasterCard ».

Je me demande ce qu’aurait répondu l’industrie du disque si, à la fin des années 90, on lui avait demandé ce qu’elle pensait du format MP3 et du peer to peer

JS

Source : aph.gov.au


Ajout du 4 décembre :  Matthew Driver, président de MasterCard pour l’Asie du Sud-Est, enfonce le clou dans un réquisitoire publié sur Channel NewsAsia Connect.